— silence. silence qui dure depuis de longues minutes et qui résonne enfin comme un baume à l'âme. enfin un de paix. au centre de l'appartement, jonché d'affaires et qui affiche fièrement l'état de vie turbulent de cinq jeunes femmes, haru récupère ce qui traine par terre et en fait des tas. cinq tas, cinq histoires, un nombre qui revient en boucle dans cet appartement trop petit pour tant de caractères différents. haru, malgré les envies autoritaires de la mystic, est trop calme pour exploser et faire du sien l'espace qui l'entoure. elle préfère s'immiscer dans les recoins lorsqu'elle se retrouve seule, chacune vaquant à ses occupations. la partie d'elle moins douce, celle qui s'est bien trop accoutumée du masque dont elle se pare officiellement, se veut plus mordante; elle est celle qui a quitté sa famille encore trop gamine, celle qui a du travailler, celle qui a connu la faim (aux côtes encore trop apparentes, celles qu'elle cache du regard de ses bandmates). elle est aussi l'ainée, celle qui a l'indépendance écrite à l'encre de chine dans les fissures de ses paumes. haru secoue la tête. ses pensées, dignes de celles émises avec cruauté aux premières lueurs du groupe, n'ont plus lieu d'être. elle a trop vécu avec les autres pour s'approprier ce genre de réflexion. au fond, elle sait que les gestes de services resteront à tout jamais une façon de montrer qu'elle aime, bien plus précieux pour elle que les marques d'affection. alors elle range, fait la vaisselles, lance le démaquillant à sunmi pour enlever les traces de la dernière frasque de leur maknae. une façon pour elle de donner une pierre à l'edifice, pour que tout le poids de celui ci ne repose pas sur les épaules d'une seule. qu'on on parle du loup, pense t'-elle, quand la porte d'entrée s'ouvre et que les bruits de pas distinctifs de mirae résonne. et quand cette dernière entre dans la cuisine, c'est pour tomber sur une haru avec les bras dans le liquide vaisselle et un énorme sourire qui fait fermer ses yeux. tu veux bien me gratter derrière l'oreille, oh mon incroyable leader? j'ai peur d'en mettre partout et ça me dérange. c'était bien, tu faisais quoi? les autres sont sorties après toi!
— fracas et échos, c’est les bribes de conversation qui s’entrechoquent dans cette salle de réunions, des propositions qui fusent, des reproches qui cinglent à ses oreilles. et l’envie d’y échapper sans vraiment pouvoir fuir.
car c’est sa responsabilité, les petites lignes discrète sur le contrat qu’elle avait signé et elle avait accepté la tâche. car c’était sa dernière chance. être leader ou être une ratée. elle avait choisis sa place.
mais désormais sous le regard fatigués elle se retrouve désemparé. les crocs acérées des débuts s’étaient émoussées avec le temps, car la férocité des débuts avait laisser place à la douceur, ou du moins l’image trompeuse du gant de velours sur la main de fer. elle s’était adoucie mirae, elle devait l’avouer, sous les éclats de rires des filles les soirées de fêtes, sous les frasques enfantines d’eunbin subissant les colères de sunmi, sous l’oeil espiègle de yena et la force tranquille d’haru. elle avait changé.
et alors qu’elle écoute sans vraiment y mettre son entière attention elle note mentalement les reproches, prépare les mots qu’elle devra dire pour éviter de rompre le délicat écosystème qu’elles avaient crées. car sa place de leader, c’était avant tout pour les protéger. pas du retour dans l’absence de parole, c’était le calme après la tempête, à se préparer mentalement au retour au dortoir. au nouveau bruit plein de vie qui résonne entre leurs murs. et pourtant tout est silencieux quand elle ouvre la porte, seul résonne le tintement des assiettes et ses pas sur le sol.
haru face à la vaisselle, une vision familière et elle rigole à la demande, retire son manteau et s’y oblige. parfois elle se demande si elle ne formait pas avec haru l’image d’un vieux couple auprès des autres. « c’est fou les gentillesses que tu peut me sortir quand tu à besoin de moi … mais je suis l’humble et incroyable leader après tout … je vais voir ce que je vais faire pour toi. » à approcher sa main dans un sourire espiègle, le soupir las à penser à la réunion de tout à l’heure.
« ton incroyable leader était encore coincée dans une intenable réunion sur les prochaines activités et les reproches qui peuvent tomber … parfois je me demande si je ne suis là bas que pour servir de facteur auprès de vous… heureusement que les autres ne sont pas là pour entendre ça. » certaines en avait trop souffert. « et toi ? à part la vaisselle tu faisais quoi de beau ? »
— quatre petits jours qui séparent haru et mirae, une proximité d’âge qui ne semble que confirmer que leurs pièces collent. quatre petits jours, des presque jumelles, celles qui mêlent leurs anniversaires en un live commun, au milieu d’une saison déjà trop serrée. haru est l’aînée des deux, pourtant c’est mirae qui a hérité du travail le plus lourd, celui de porter le groupe sur ses épaules et de le représenter devant ceux qui décident de leur avenir. le rôle de haru est plus personnel, intrinsèquement lié à son image et si elle croule, il n’y aura qu’elle pour tomber. elle s’en est bien tirée, haru, elle a tiré le lot gagnant.
et c’est peut-être parce qu’elle est en consciente qu’elle essaye d’aider quand elle peut. pour montrer qu’elle est là; une façon comme une autre de se racheter de ces mois passés où elle faisait la solitaire, une période dont elle se rappelle avec des crissements de dents. là où elle aurait du être au côté de mirae lors des premiers scandales au lieu de se repaître de sa différence. haru aime penser que l’eau a coulé sous les ponts et que mirae ne lui en veut pas.
son sourire ne fléchit pas, alors même qu’elle se tourne de nouveau vers la vaisselle pour la terminer et essayer ses mains encore blanchies par les bulles. un coup d’oeil rapide à ses ongles la fait soupirer; elle devait les garder intact pour leur prochain comeback, chose peine perdue. son regard sombre se relève cependant lorsque mirae exprime son sentiment sur les cadres qui lui apposent trop de pression sur des épaules pourtant pas si fragiles. ils t’ont encore tombé dessus? je ne sais pas comment ils ont de quoi nous rapprocher quoi que ce soit, on est sage et bosseuses pour le moment. elle approche sa main pour serrer rapidement celle de mirae. envoie nous à ta place à la prochaine fois? sunmi ou moi. ou alors je peux faire le facteur. ce n’est pas juste que tu portes tout ça sur toi.
le ton est trop doux pour le regard qu’elle appuie sur mirae, essayant de lui transmettre son soutien, alors qu’elle sait qu’elle ne peut pas faire grand chose. les rôles sont attribués, une condamnation comme une grâce. elle virevolte cependant vers le frigo, comme poussé par un souffle divin, pour l’ouvrir et en ressortir un plateau couvert par de petits gateaux. je suis allée au studio bosser sur un morceau, j’ai attend un point mort et donc j’ai fais des lemingtons. ils sont sûrement moins bons que ceux de ma mère, mais je pense qu’ils devraient être comestibles. et alors qu’elle les tend vers mirae, haru a bien décidé qu’elle sera son premier cobaye.
— reprendre le souffle du quotidien, que ce soit le vacarme incessant des chamailleries enfantines ou le simple son de pas tranquille au sein du dortoir avait avec le temps le don de l’apaiser. peut-être que la gamine qu’elle était prisonnière d’une famille ou ne se sentait pas chez elle arrive à reconnaître dans les murs du dortoir, une appartenance, une famille qu’elle a faite sienne.
le regard s’attarde sur la vaisselle, targue haru d’une tape dans le dos comme pour lui dire bien joué, ou simplement merci, elle esquisse un sourire face à la douce férocité qui exulte des mots de l’amie. haru était force pour elle, à vouloir aussi partager ses combats. un soupir las seulement franchis ses lèvres « ils ont toujours quelques choses à nous reprocher haru faut partir de là … mais à force c’est même plus énervant, c’est juste … fatiguant, ils répètent sans arrêts les mêmes choses. j’ai appris à faire le tri dans les paroles et je t’avoue … je n’ai pas envie de vous infliger ça, à toi comme à sunmi. »
car même si elle ne doutait pas de la force de ses camarades, elle était désormais trop maternelle pour les laisser se prendre la houle des reproches idiots, surtout sunmi qui avait vécu une période trop sombre à leur débuts.
elle apprécie tout de même les mots de haru alors qu’elle pose sa main sur la sienne. confidente qui à toujours les mots juste et l’envie d’en faire plus. et le rire se fait entendre quand elle la regarde virevolter vers des petits gâteaux, haru dont le langage d’amour passait souvent par ses petits services rendus. « j’aime pas dire ça … mais merci à tes pannes d’inspi car tu reviens toujours avec un truc délicieux à nous mettre sous la dents. »
alors qu’elle croque déjà dedans se laissant bercer par les saveurs sucré. « tu sèche sur quoi ? j’parle la bouche pleine désolé c’est délicieux … bref qu’est ce qui bloque ? j’peut aider ? »
— mirae a des traits si doux qu’il en est facile d’oublier la force de sa stature, ses épaules portant le poids de quatre autres membres. haru sait que cela n’a pas été facile, que la plus jeune a du s’accoutumer à prendre soin des autres ; elles n’étaient pas toutes faciles à gérer, des caractères opposés qui ont certes fini par s’harmoniser mais pas sans passer par de nombreuses fausses notes. et si haru comprend parfaitement pourquoi mirae veut les tenir éloigner, surtout sunmi qui a du survivre des déferlantes trop lourdes pour une rookie, il n’empêche pas qu’elle souhaite aider quand elle le peut. et si c’est seulement par la nourriture, alors elle casserait les longs ongles voulus par la d.a un à un. faudrait créer un filtre que tu poses sur ce qu’ils disent, et ça remplace leurs idioties par des paroles de chansons. de la mystic si on veut rester corporate. imagine la scène : ‘vous n’avez pas fait assez pour la promotion’ devient ‘don’t you know i’m a savage ?’ sa voix minaude sur des paroles qu’elle a elle-même écrites pour le groupe ainé de la mystic, poussant l’absurde jusqu’à la grimace qu’elle appose sur ses traits pour les transformer en un simulacre de cadres de la mystic. mirae la fait cependant rire lorsqu’elle regarde captivée le gâteau qui sort du frigo. ayant quitté le domicile familial lorsqu’elle n’avait que douze ans, haru a du apprendre assez tôt à cuisiner avec ce qu’elle avait, c’était-à-dire pas grand-chose au début. si les premiers mois en dortoir avec quatre autres filles étaient compliqués, elle avoue aisément que les opportunités de cuisiner des ingrédients qu’elle n’avait pas pu se permettre d’acheter étaient les gros avantages d’une telle cohabitation. et si depuis elle fait en sorte qu’il y ait toujours quelque chose à consommer – d’autant plus quand son inspiration lui fait défaut – elle n’a jamais entendu un seul reproche là-dessus. im mirae, quelles manières terribles. je suis outrée. il ne lui en faut pas plus pour lui lancer à la figure un torchon qui traine pour que mirae enlève les copeaux de noix de coco qui collent au coin de ses lèvres. le big boss veut que je me penche sur une collab internationale, je sais pas s’il t’en a parlé ? ça serait avec un jeu vidéo, league of legends, et je connais de nom seulement. tu t’y connais en jeu vidéo ?
— parfois elle aimerait pouvoir leur dire sincèrement tout ce qu’elle pense, des leur réunions interminables pour ne rien faire, des commentaires sur leurs physiques, des âneries qu’ils peuvent sortir à longueur de journée. mais elle se doit de rester façade, comme un mur pour absorber les reproches, et suffisamment solide pour ne pas laisser les mots durs toucher les autres.
la grimace d’haru en imitation parfaite des cadres coincées de la mystic lui tire à nouveau un autre rire. c’est peut être par ce qu’elle peut en rigoler avec les filles sans qu’elles aient à subir qu’elle parvient aussi à tout surmonter. car elle garde dans sa mémoire les petits papiers si jamais ils viendraient trop la titillé. à force d’écouter, elle en obtient un dossier bien juteux qu’elle n’hésiterais pas à utiliser.
mais pour l’instant, l’heure n’est plus au reproches, et à l’odeur de javel de la salle de réunion. elle est au gateau fabuleux d’haru. mirae qui avait toujours maintenu sa ligne avec une rigueur militaire c’était souvent retenue de jeter un oeil au douceur proposé par haru, mais avec le temps comme avec le reste elle avait cédé, et elle grince en se remémorant de toutes les autres douceurs qu’elle n’avait pas pu essayer. « haha, j’aurais du faire ça pendant la réunion tiens, peut être que, dégouté, il m’auraient laissé partir plus tôt ! » attrapant le torchon pour s’épousseter avec peu d’élégance.
le visage qui redeviens sérieux quand elle écoute les questionnements d’haru. « oui league of legends, je vois vaguement ce que c’est mais j’y ai jamais joué … pas vraiment eu le temps » comme beaucoup d’autres trainee d’ailleurs, le temps passé en salle d’entrainements plutôt qu’aux pc bangs. « après tu sais, rien n’empêche de télécharger le jeu sur mon ordi. on peut se faire une session jeu ce soir haha ! »
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