the first night — le corps brûle d'une adrénaline étrangère. à redécouvrir la sensation de monter sur scène, sentir les regards visés sur sa silhouette alors qu'elle prononce ses premières paroles. parfois elle a encore l'impression d'être cette gamine Kailin. celle qui traînait tard le soir, simplement pour voir les traits de ses démons prendre vie.

pourtant ce soir, elle réalise combien tout ceci est loin. elle se tient sur une scène qu'elle n'aurait jamais rêvé d'atteindre et quelque part c'est un peu grâce à toi. l'âme sœur dont les parcours diffèrent, mais dont les cœurs vibrent à l'unisson. et ça fait plusieurs semaines que ça la travaille ( cette distance ) ce visage derrière lequel tu te caches. ces white lies qui s'écroulent sous son regard.

tu ne vas pas bien. ça se remarque dans des détails, mais elle voit Kailin. bien au-delà des illusions.


bon... tu comptes faire semblant encore longtemps? la question tombe enfin de ses lèvres alors que vous êtes isolés sur le rooftop de l'hôtel. cigarette aux lèvres, le poison se consume dans un silence plombant. et fait pas celle qui sait pas s'te plaît... je le vois bien qu'il y a quelque chose qui va pas son regard s'échoue dans le tien, à sonder les émotions qu'elle pourrait y cueillir. à se demander si t'oseras un jour décharger toute cette peine qui pèse sur ton cœur.

— elle te regarde, vide.
surprise.
s’attendait aux questions. mais aurait préféré les éviter un peu plus longtemps. parce que en parler, c’est réaliser. rendre la chose réelle.
elle a pas envie de ça eunae.
elle pourrait vivre dans le déni encore un peu plus, ça la dérangerait pas, même si la douleur est si intense qu’elle devient visible, qu’elle n’arrive plus à la camoufler; elle pourrait faire semblant.
elle a pas envie qu’on s’apitoie sur son sort.

et puis.
un coeur brisé.
c’est pas grand chose.
elle connait la tristesse (elle est rodée).

son regard se détourne sur la ville. la vie qui défile à vive allure – elle aimerait appuyer sur pause.
ses bras se posent sur les remparts, prend une bouffée d’air. elle sait qu’elle n’a plus le choix, que maintenant que tu es là, que tu la confrontes – elle ne peut plus prendre la fuite.
ilang m’a quitté.
l’odeur de ta cigarette vient lui rappeler son souvenir brutalement. secret bien gardé pendant des semaines; elle ne voulait pas ternir sa réputation si jamais il faisait irruption à nouveau. elle voulait que tout le monde garde en tête qu’il est parfait.

ça picotte dans sa gorge. elle renifle pour tenter de garder les émotions bien enfouie alors qu’elles ne demandent qu’à exploser aux pieds de quelqu’un qui parviendra à la consoler.
mais ça va. je vais bien.
toujours mentir.

— elle n'en dit pas plus.
par crainte de te brusquer. par respect pour ce que tu dois affronter ( seule ) cette tempête dont elle ignore tout, mais qu'elle laisse arriver dans ce silence accordé. elle remarque dans ton attitude que t'aimerais mieux fuir ; ton regard qui se porte ailleurs ( au loin ) comme pour échapper à tes propres maux. et elle ne t'en tient pas rigueur. encore moins lorsque la vérité tombe de tes lèvres.

ce n'est rien de plus que des mots, mais l'effet lui, est dévastateur. elle a encore en mémoire le souvenir si vivide de tes sourires lorsque tu parlais de lui. l'homme de ta vie. et elle sait kailin que rien ne saurait pansé la plaie béante qui sillonne ton cœur. aucun mot, aucun geste ne saurait apaiser cette douleur, que seul le temps saura soigner.

et si la chanteuse cherche encore ses mots, c'est finalement ton mensonge qui la tire de son silence. don't lie. c'est franc, dénué de délicatesse, mais elle refuse ton imposture. tu peux bien raconter ce que tu veux à qui tu veux Eunae. mais pas à moi. pas à elle parce qu'elle tient bien trop à toi pour écouter tes balivernes sans sourciller. t'as pas besoin de te cacher, tu sais? je connais cette douleur. et tu peux pas m'dire que ça va. l'écho d'une histoire brisée, dont elle a trop longtemps espéré pouvoir ramasser les morceaux. ta peine, ne lui est pas étrangère et c'est bien pour ça qu'elle n'ose pas en dire plus. bien pour ça que sa main vient se reposer contre ton dos dans un geste réconfortant, jusqu'à ce que la chaleur de son corps ne vienne reposer contre le tien. t'as l'droit de pleurer Eunae. t'as l'droit de ressentir tout c'que tu ressens. alors arrête de t'ignorer. c'est qu'un murmure, mais dans cette proximité, elle sait que c'est suffisant. elle te demande pas de la regarder. elle ne te demande rien ; si ce n'est de t'aimer assez pour accepter ce qui te fait souffrir.

— elle a toujours eu l’impression qu’elle devait tout endurer toute seule eunae. parce que, pendant trop longtemps, on l’a laissé gérer la douleur; sa soeur disparu (sa famille sans dessus dessous).
pas le temps d’écouter les maux.
pas le temps d’écouter le coeur qui pleure.
le coeur qui saigne.
même quand il fait mal. même quand il fait si mal qu’elle a parfois du mal à respirer.
quand tous les souvenirs négatifs lui reviennent en pleine gueule comme un sursaut.
la solitude –
elle revient toujours.
ils ne restent jamais, après tout, ceux qu’elle aime. ils sont de passage; mais jamais constant.
ça lui fait mal de réaliser leur absence.
ça lui fait mal de savoir qu’ilang n’est plus là.

alors. elle fait semblant.
c’est toujours mieux de se voiler la face que de réaliser que tout est bien vrai. qu’elle est toute seule, pour la première fois depuis trop longtemps.
et puis t’es là.
tu réclames sa vérité.
parce que tu la connais trop bien pour savoir que les marques de fatigue sous ses yeux n’ont rien de normal. qu’elles cachent le déluge. à ça de la noyade.
j’ai pas envie de pleurer.
parce qu’elle a déjà trop pleuré. sûrement.
je me sens… vidé.
ça fait des semaines. elle a pleuré, déjà, beaucoup trop. elle a espéré son retour, ses excuses. puis –
elle a accepté.
j’essaie de pas être en colère contre lui. je suis persuadé qu’il a toutes ses bonnes raisons, mais…

il lui manque.
et ça suffit pour le détester.

mais ça va. je vais survivre.
et quand ta main se pose sur son dos pour tenter de la réconforter, de lui donner un peu de ta chaleur, son sourire apparait au coin de ses lèvres comme pour masquer toute la douleur qu’elle ressent;
pourtant démasquée.

— the emptiness is swallowing me
le vide. béant. dont la chute semble éternelle, et où le cœur suffoque.

elle constate que t'en es déjà là. épuisée par le tourment de tes émotions, qui te susurre que ça ne se finira jamais. l'absence qu'il a creusé dans ta poitrine ne se comblera pas ( impossible )

et elle te comprend, mais aucun mot ne serait à la hauteur des maux auxquelles tu es en proie à présent. mais tu lui en veux quand même... parce que quelque part, c'est de sa faute si ton cœur saigne. et toi aussi, tu as toutes tes bonnes raisons... parce que rien n'est jamais noir ou blanc. et ce serait peut-être mieux ainsi par moment. une vérité nette, ou un mensonge trop sombre pour y voir au travers. je sais que tu vas survivre... j'en ai jamais douté. mais ce n'est pas parce qu'il est parti que tu es seule Eunae. la confession d'une loyauté que rien ne saurait briser. peu importe les tempêtes elle peut bien les affronter pour toi. vraiment les hommes, toujours un timing qui laisse à désirer... et y a ce soupir, lourd de sens. celui qui en dit assez pour deviner qu'elle est lassée je suppose que t'as envie d'en parler toute la soirée, et sache que jte laisserais pas te lamenter dans ta chambre ce soir, alors décide de ce qu'on fait, avant que je te traîne moi même quelque part.

— oui, elle lui en veut, eunae.
elle comprend pas ce qu’elle a mal fait, ce qui est allé de travers. ce qu’elle aurait du faire différemment pour que ça dure plus longtemps.
elle a l’impression que leur histoire lui file entre les doigts sans réellement comprend pourquoi, tout en sachant dans le fond pourquoi l’écart s’est creusé.

un fin sourire s’installe au coin de ses lèvres. forcé, mais bien présent suite à tes paroles. pas seule (ou jamais totalement).
elle t’a toi.
elle a jennie.
mais ça n’empêche la solitude.
ce n’est pas pareil.
mais elle te remerciera jamais assez d’essayer de balayer de son visage la tristesse qui pèse sur ses traits. à lui faire savoir qu’elle est aimée, chéri. peut-être plus par lui, mais par d’autre.
je sais. merci.
léger rire, son visage est pris quelques secondes entre ses mains pour tenter de reprendre ses esprits. pour tenter de chasser définitivement les idées noires de sa tête pour ce soir. ne pas sombrer à tes côtés, t’offrir la meilleure version d’elle-même.
elle ne souhaite pas pourrir tes soirées à ses côtés pendant la tournée asiatique.
j’ai pas envie de faire grand chose. ça a toujours été toi la tête pensante à ce niveau là, non? eunae plutôt du genre à aimer être dans sa bulle.

— le coeur s'apaise de ce sourire que tu lui offres. bien consciente qu'elle ne pourra pas effacer ta peine, mais soulagée de pouvoir l'amoindrir un peu.

la cigarette est abandonnée, écrasée sous la pression de ses doigts alors qu'elle t'offre ce petit sourire en coin. j'ai peut-être une petite idée de ce qu'on peut faire oui... qu'elle glisse sous ce sourire en coin. allez vient, on va se changer les idées... et elle se tourne vers toi, dans une invitation à nouer ton bras au sien. t'façon, tu devrais l'savoir, j'suis meilleure compagnie que n'importe quel homme sur cette planète elle balaye sa chevelure d'un air théâtrale, plus pour alléger l'atmosphère qu'avoir réellement la prétention de remplacer celui qui règne tant dans ton coeur.

parce qu'elle le sait tout autant que toi.

il y a des âmes que rien ne saurait remplacer.