— effervescence sous les lumières et les strass aux milles couleurs. des êtres à la fois heureux, survoltés, enjoués de pouvoir se tenir devant eux, de pouvoir les voir, les regarder, chanter avec eux. une sensation de plénitude, d’accomplissement alors que vient les applaudissements, les sourires et les signes de la main, apportant à la jeune femme une boufée d’oxygène qui semblait lui manquer ces derniers temps. c’était la plus grande des récompenses pour elle, que le public soit là, au rendez-vous donner par ses soeurs et elles-mêmes. à leur montrer qu’elles seront toujours éternelles.

puis venait le temps des échanges cachés, des rires dans les escaliers, des défis relevés entre artistes pour s’amuser. bien que cela soit une activité qu’elle aimait réaliser, Doona n’avait pas le coeur à cela. il y avait autre chose qui accaparait son esprit, des traits fins, pour être plus précis. gribouillé sur le papier d’un petit carnet qu’elle gardait avec elle et sortait à chaque fois qu’elle apercevait ce visage connu, sans être vu. à faire son croquis, dans l’ombre des rideaux lourds ou planqués dans sa loge. et elle l’avait placardé, sur bien des pages, comme une obsession dont elle n’arrivait pas à se défaire. parfois, la chanteuse se disait qu’elle devait arrêter, ne pas s’adonner à cela. puis elle recommençait. cette fois encore, alors que son regard fixait l’écran à la regarder danser, elle songeait à faire son portrait. encore. mais cela aurait été plus simple sur le calepin était en sa possession.

panique grandissante alors que le précieux objet est perdu. le visage est mortifié tandis qu’elle se met à arpenter les couloirs que le retrouver, l’estomac noué. et si quelqu’un tombait dessus ? et si quelqu’un voyait ce qu’il y avait dedans ? angoisse dévorante que Doona n’arrivait pas à taire, ses pas s’accélérant toujours plus quand elle vit entre des mains l’objet tant désiré. mais des mains qui appartenaient à une déesse qu’elle aurait préféré ne pas croiser. “ Excuses-moi mais… tu pourrais me le rendre ? ” les yeux portés alors vers Dasom, le coeur battant avec frénésie. en espérant qu’elle n’est pas ouvert la boite de Pandore…

— l'art et la manière, de. sourire, de se vêtir, de se mouvoir et de se comporter. au-delà de ces quatre murs formant son asile (jolie cage dorée au sein de laquelle elle s'enferme aisément : sa chambre), son être est divergeant. une once d'assurance, un faciès animé et enjoué agrémenté de gestuelles qui se souhaitent joviales. la gloire, les strass et les paillettes ne sont que de légers artifices qui sont alors, utilisés à son avantage. néanmoins, accompagnée de deux figures frêles et féminines — camarades, amies et band-mates. bras dessus et bras dessous ; elles seront menées à être pomponnées, préparées et présentées sur la scène principale de l'émission afin d'enregistrer une performance quelconque. un titre qu'elles se doivent de promouvoir avec un certain mauvais goût. l'agence s'offrait le loisir de jouer sur d'innombrables tableaux les concernant (au grand damne des fans).

une dizaine de minutes, c'était alors, dans la boîte et prochaine diffusé sur grand écran. le résultat semblait prometteur et c'est avec une légère aversion de son reflet distingué au-delà des moniteurs qu'elles fut amenée à prendre la poudre d'escampette. “ oh. ” son être est stoppé, l'un de ses pieds se retrouvait apposé à l'instar d'un objet. quelconque — de premier abord. davantage précieux lorsqu'il fut apporté entre ses mains. la poussière sera alors, épousseté et l'objet regardé au travers de toutes ses coutures dans l'idée de discerner un détail qui parviendrait à l'aiguillier sur le propriétaire de ce qu'il ressemblait à... un carnet.

l'objet fut alors, légèrement entrouvert avant qu'une voix ne soit amenée à être élevée jusqu'à atteindre ses tympans. d'un coup d'œil, un joli minois osait se montrer. “ tu lis dans mes pensées. je me demandais justement à qui pouvait appartenir ce… carnet. ” un pas, puis deux. la distance entre les demoiselles fut réduites tandis que son cœur se retrouvait emporté en une mélodie davantage agitée. “ tu es douée. ”  d'un sourire, le carnet retrouvait sa propriétaire. elle qui n'avait jeté qu'un simple regard sur les dessins brefs et croquis gribouillés sur les pages. un détail l'avait néanmoins, marquée. “ à croire que tu n'es pas seulement douée sur scène. ” en guise de suggestion.

— le coeur rate un battement, le corps se fige. moment suspendu dans le temps, alors que l’univers semble la mettre à l’épreuve. à chercher à la bousculer. une attaque surprise du ciel qui avait eu pour idée de la malmener un peu, comme si cela n’avait pas été le cas maintes fois sur les jours précédents. rien de facheux réellement mais toujours assez pour mettre la jeune femme dans tous ses états et lui retirer des heures d’un sommeil réparateur méritées. que lui fallait-il faire à présent ? comment se comporter ? sourire amicalement ? faire comme si de rien était ? et Doona donna l’impression, pendant un court instant, que le sol s’était ouvert sous ses pieds et que des dizaines de démon avaient réussi à l’attraper pour l’entrainer dans les flammes de l’enfer. n’était-il cependant pas doux de la voir de si près ? d’entendre cette voix parler à elle seule ? cela l’était, quelque peu loin cependant. car entre ses doigts se tenait un objet qu’elle ne devait en aucun cas voir.

tremblante alors, bégayant presque, en voulant récupérer ce bien qui était sien. les joues rougies, sous le regard curieux de cette déesse qui s’avançait vers elle. le dos se fit alors plus droit, plus rigide tandis qu’elle était prête à reprendre ce qui lui appartenait. “ Je te remercie de l’avoir pris avec toi. J’avais peur de ne jamais le retrouver. ” un sourire amical, sorti tout droit de ses classes d’actrice, pour répondre à la situation qui lui faisait face. ne rien montrer de l’embarras dans lequel elle était, pour ne pas perdre la face. mais les paroles soufflées par la jeune femme mirent à mal son air de façade, un nouveau rougissement puissant colorant son cou et ses oreilles. “ Ah tu… tu as regardé ? ” carnet glissé dans la poche de ce pantalon qu’elle portait, vite caché pour ne plus être vu, pour ne pas être davantage analysé. afin que rien de plus ne soit révélé.

et un rire gêné, tandis qu’elle passait ses doigts sur sa nuque qu’elle massait alors avec insistance. “ Non, enfin… je ne suis pas si douée que ça. ” parfaitement consciente de ses capacités, Doona n’arrivait pas à se dire qu’elle pouvait être ainsi complimentée par la muse qui hantait ses pensées depuis des jours et des jours. lui faisant se demander si elle avait vu avec attention… alors qu’une partie d’elle ne cessait de lui répéter que c’était très fortement le cas. vérité qu’elle ne voulait pas entendre.

— ce carnet, monts et merveilles. dessins, gribouillis, croquis, détails et annotations. ces jolis minois alors, greffés à l'instar de ces pages. une idée saugrenue que, de regarder à l'intérieur. c'était semblable à l'idée de “ violer son intimité ” ; cela était sien. pourquoi diable, s'aventurer à jouer la carte de la curiosité ? au travers de ces pages, un faciès s'était offert le loisir de sublimer ses émotions : l'intérêt, le désir, la curiosité et l'envie d'en découvrir davantage. “ j'ai regardé, je plaide coupable. ” bras dressés vers le ciel, capitulant face à son aveu. il est vrai, pourquoi mentir face à l'auteure de ces œuvres ? “ crois-moi, tu te sous-estimes. ” à l'aide d'un certain aplomb, son téléphone portable fut brandis sous le nez de sa camarade.

“ un compte instagram. je serais ta première et plus grand fan, sûr et certain. ” à ces mots, l'application fut ouverte et son compte (peu actif) fut dévoilé dans l'idée de démontrer la véracité de ses propos. “ à moins que ce ne soit déjà le cas ? aurais-je loupé le coche ? ” un véritable questionnement est dévoilé tandis que son regard sera amené à rencontre celui de son interlocutrice. il est vrai ; sa présence dérisoire sur les réseaux l'amenait à rater bon nombre d'informations (informations que ses camarades au quotidien s'acharnaient à lui inculquer et instruire afin qu'elle soit au goût du jour, des dernières nouveautés en vogue). “ d'ailleurs. plutôt objets, paysages, visages ? ” la question n'était en aucun cas anodine, au contraire. ce précédent détail osait faire surface en son esprit, un détail qui n'était pas des moindres.

— frisson d’effroi, à se rendre compte que les trésors avaient été entre d’autres mains que les siennes. secret pourtant bien gardé qui n’aurait jamais dû sortir de sa boite, caché des yeux du monde avec un soin bien trop grand. elle avait commis une erreur, en apportant ses carnets et fusains dans un endroit comme celui-ci, mettant alors en péril les superbes qu’il ne fallait pas dévoiler au monde. il lui semblait alors que le sol s’ébranlait sous ses pieds, la laissant dans une situation que même un funambule n’aurait pas envié. le coeur battait à tout rompre, prêt à s’enfuir, désireux de s’enfuir. mais il fallait à la chanteuse du courage et de l’astuce pour ne pas faire l’étalage de sa terreur. “ Oh… et bien, j’espère que tu n’as pas trouvé ça trop horrible. ” dépréciation de sa personne alors qu’elle avait pourtant des dizaines - centaines - de compliments sur ses croquis et estampes. un sentiment d’être illégitime, sous les prunelles de la déesse qui lui faisait face et paraîssait plus que fascinée par ces morceaux de papier.

un fin sourire, véritable et presque adorable, que Doona offrit alors à la jeune femme sous les diverses compliments qu’elle lui disait. un léger rougissement prit ses joues, un rire gêné s’élevant dans le couloir où elle se trouvait. “ Je poste parfois ce que je fais sur mon compte insta. mais je n’ai pas trop le temps en ce moment. ” à ne plus trop savoir où se mettre, elle qui n’était pas habituée à tant de remarques joviales. jusqu’à la question la faisant trembler, le regard fuyant sous les prunelles de la belle dame. le faisait-elle par pur curiosité ? “ Je n’ai pas vraiment de préférence… enfin en ce moment si mais… ” la phrase resta en suspend dans sa gorge, coincée dans les méandres de ses pensées chamboulées. que dire alors qu’elle n’avait fait que croquer le visage de Dasom pendant des journées entières ? croquis qu’elle avait dû voir à coup sûr ? rien, à part un silence gênant.

— le temps. c'est un sujet qui est pointé du doigt. une gêne, un arrêt sur image et d'innombrables contradictions. à l'instar de son téléphone portable : un emploi du temps, des obligations à l'instar desquelles ses mots n'auront aucun impacts. alors, elle s'entiche de ces paroles qui résonnent en son esprit puis, entre ses lèvres : “ crois-moi, je comprend. ” un acquiescement. simpliste sur les bords. “ ce temps qui n'est pas vraiment nôtre, que l'ont doit gérer. ” clôturant ainsi, à l'aide d'une grimace.

alors, cet objet qui était précédemment fauteur de troubles fut brandis sous le nez de sa camarade. le réseaux social cité fut alors, ouvert. “ puis-je te réclamer ton identité là-dessus ? si cela ne te gêne pas, à l'évidence. ” c'est un sourire qui se dessine à présent au travers de son faciès — enjoué. car oui, cet échange semblait dérisoire en l'esprit d'autrui contrairement au sien. c'était nouveau, c'était différent.

“ est-ce que c'est trop indiscret que de poser une énième question, comme par exemple… ce qui t'animes ? ” après tout, à son tour, elle se retrouvait mêlée à ces détails qui osaient mener par le bout du nez son inspiration. l'écriture, ces paroles qui sont ancrées dans des thématiques différentes. de la douceur, de la tendresse, de l'amour, de la passion, de la peine, de la haine et bien plus encore… ces sentiments, qui ne cessent de trahir ces pages blanchâtres griffonnées.  

— des papillons, qui voletaient dans le creux de son ventre. lui donnant l’impression d’être une adolescente. sensation apportant avec elle des souvenirs à la fois heureux et amusant, déplaisant pour d’autres qui furent mis de côté, pour ne pas y penser. laisser la place au présent qui se déroulait sous ses yeux, tandis qu’elle se dressait devant elle. figure qui restait encrée contre sa rétine et qui lui semblait connaître par coeur. certainement à force de l’avoir vu maintes et maintes fois. “ J’aimerais parfois appuyer sur le bouton pause. Mais en sommes-nous réellement capable ? ” un léger rire d’abord, pour faire fuir cette pression qui parfois - souvent - venait se mettre sur ses épaules. mais qu’on se le dise, jamais elle ne cèderait sa place à quiconque. même dans les moments de doute.

une surprise, d’abord, avant un nouveau rougissement sous la demande de la brune qui était plus qu’intéressée. un hochement de tête ensuite, le cellulaire étant sorti pour lui montrer ce qu’elle souhaitait voir. “ Tiens. ” un nouveau sourire, timide alors, tandis que les pupilles se posaient sur les traits de la déesse, maintenant plus proche de sa personne. la respiration de Doona se bloqua un court instant, moment de flottement tout droit sorti d’une scène digne de série de télévision.

quand vint l’effroi, de nouveau. pour une question sembla faire vaciller la jeune femme. il lui fallait une réponse, rapide et juste, pour ne pas se faire découvrir. si cela n’était pas déjà fait. “ Je ne sais pas vraiment. des fois c’est des sensations, des sentiments qui me prennent. d’autres fois, des paroles, des chansons. des gens… ” un léger soupir, voletant dans le couloir et accompagnant les oreilles maintenant cramoisies. “ C’est à la fois tout et rien, si ça peut répondre à ta question. ” et un sourire plus affirmé, pour faire disparaître cette gêne qui souhaitait peindre son visage. à faire appel à ses talents d’actrice, pour ne pas perdre pied et complètement flancher sous le regard de celle qui obnubilait ses pensées.

— arrêt sur image. le logiciel est démontré : un compte et une identité méconnue d'autrui. seul un pseudonyme faisait office d'interpellation afin de la nommer. l'artiste n'est qu'une âme dans cet océan peuplé d'innombrables comptes et autres fabulations d'autrui. elle est semblable à quiconque, qui oserait se douter du joli minois qui se dissimule au-delà de ces créations artistiques ? n'être que témoin, voué à garder le silence.

“ je te remercie. ” c'est à l'aide d'une once de satisfaction que, son faciès sera agité dans l'idée d'accentuer ses paroles. l'aventure ne fait que débuter. “ c'est similaire, lorsque j'écris des paroles. ” un talent quelconque, usé à outrance. ses écrits sont parfois sagement utilisés, parfois modifiés et tantôt refusés. vile détentrice d'une plume qui se souhaite * intéressante * ; jouant la carte des émotions et des instants de la vie quotidienne afin de dénicher son inspiration. “ j'accepte cette réponse, avec plaisir. ” un ricanement cristallin se dévoile tandis que, son regard fut détourné sur ce qui se tramait dans les alentours. demoiselles présentement seules, suite à cet engouement et l'agitation ambiante d'un enregistrement télévisé.

“ café ? ” ce questionnement est ainsi, lancé. l'idée d'en connaître davantage n'est guère un sentiment évasif, mais un véritable désir (égoïste, certainement). “ en bas, celui de droite ? dans disons... une dizaine minutes ? je t'avoue que, l'accoutrement de scène ne me conviens que sur scène. ” remarquable, aisément pointée du doigt et facilement observé. la simplicité lui plaisant en son quotidien ; les strass et les paillettes ne sont alors, que des artifices pour plaire à autrui, les fans.

— dans les starting block, à attendre le départ. comme si tout commençait maintenant, que la course allait débuter à cet instant. et elle court, court aussi vite qu’elle le peut, porter par les sourires, les mots. emplie d’un sentiment qui faisait chavirer chaque cellule de son corps, tandis qu’elle se tenait là, à la regarder. et le monde semblait si différent, pendant ce court instant. des secondes qui duraient une éternité, comme si, finalement, elle avait réussi à mettre pause. enfin. et alors qu’elle partageait ce qui n’était plus un secret pour personne, mais qui paraissait alors si intime à ce moment précis, Doona avait la drôle d’impression que rien ne serait comme avant.

un rougissement, léger, à l’écouter parler.  hocher la tête, pour répondre à ces mots qu’elle soufflait. douce et adorable, plus encore que d’habitude. véritablement, étrangement. elle était sans artifice face à elle, il valait mieux ne pas lui en montrer. c’était tout du moins ce qu’elle se disait. car si elle démarrait de la mauvaise manière, jamais elle ne réussirait à atteindre la ligne d’arrivée. pensée fugace qui traversa son esprit, lui arrachant une petite moue qu’elle effaça rapidement, revenant à la réalité. “ Contente qu’elle te convienne. ” rire qui résonne alors, faisant écho au sien qui vint le rejoindre. c’était nouveau, plaisant, amusant. que ça dure encore des lustres.

l’évocation alors d’une sortie, d’une suite. comme un rendez-vous, qui agita un peu plus les émotions de la jeune femme. “ Avec grand plaisir ! ” réponse soufflée avec tant d’enthousiasme qu’elle ne put cacher ce rougissement sur ses oreilles. un sourire un peu gêné alors, à reprendre son calme pour ne pas paraître trop survolté. “ Très bien, dans dix minutes. Et bien que ça t’aille vraiment bien, je comprends que tu veuilles te changer. Moi aussi. ” nouveau rire alors, elle qui ne se rendit que tard du compliment qu’elle venait de lui faire. et elle fit comme si de rien était, souriant de cet air enjoué qui ne la quitter plus.