— le souffle court, les épaules tendues. sous les sourires et les airs affables qu’il s’appliquait à donner à quiconque s’approcher. une boule dans l’estomac, qui gonflait à mesure que les secondes s’écoulaient, sans la voir, sans l’apercevoir. et une angoisse qui grimpait sans qu’il ne puisse rien contrôler. presque au bord du gouffre alors qu’il fixait l’écran de son portable sur lequel s’affichait encore les messages qu’il avait échangé. et tout cela allait très certainement tourner au vinaigre, en ce soir qui se devait d’être une fête mémorable. il fallait cependant avouer qu’il avait fait des erreurs de calcul, comme bien des fois auparavant. sauf que cette fois-ci, cela pouvait lui coûter très cher.

des secondes pour prendre la décision de arpenter la boite de nuit, à la recherche de cette jeune femme qui était la seule à hanter ses pensées à cet instant. les yeux cherchaient avec attention, la tension montant d’un cran, le faisant se sentir toujours plus tendu, plus nerveux. et s’il ne la trouvait pas ? si elle était partie ? si… les lèvres du jeune homme se pincèrent, le rendant plus froid envers ceux qui croisaient sa route avant de la voir. face à un être qu’elle ne devait pas approcher. et ses lèvres se pincèrent sous le flux sombre qui venait enserrer ses entrailles, le poussant à rejoindre celle qui était la femme de sa vie. un regard glacial pour l’homme en face d’elle tandis qu’il se glissait dans le dos de la nymphe, sa main se posant dans son dos avant qu’il ne l’attire avec lui, plus loin. très loin. à l’abri des regards se voulant indiscrets, à l’abri d’autres faux prétendants qui ne faisaient qu’observer les courbes de la danseuse.

“ Je me suis inquiété. ” souffle alors qui quitte les lèvres de Kangbae qui serre les doigts de la brune entre les siens, une moue contrariée étirant ses traits. son regard cherchait celui de Maeum, presque désespéré de n’avoir pu la trouver plus tôt, de n’avoir pu la serrer dans ses bras dès son arrivée. “ Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais arrivé ? ” aucune mention de cet intermède avec cet “inconnu” au bar où il l’avait trouvé, son attention restant fixé sur la jeune femme dont il scrutait le visage avec attention. “ Tu m’en veux ? Pas vrai ? ” un état de fait qu’il m’était sur le tapis, sans lui laisser le choix de pouvoir en parler réellement de son propre chef. car, comme toujours, il faisait tout pour mener la danse. et faire en sorte que tout reste comme il souhaitait que cela reste.

— armée de mousseline de soie et de ses talons les plus hauts, maeum se sentait guerrière immortelle alors même que son armure n’était qu’un mensonge pour la faire se sentir supérieure. pour lui faire oublier la colère qui grondait ce soir plus que jamais. plus que les autres soirs de désespoir. gonflée à bloc par les messages validistes de son ami, maeum se savait dans son plein droit. elle n’était pas une gamine drapée de ses plus beaux atours dans le seul but de susciter la jalousie de kangbae, non, elle était une femme splendide qui méritait mieux. mieux que cet amour bancal qu’ils s’étaient promis au tout début de leur relation. quand elle croyait encore ne l’avoir que pour elle. quand chacune de ses cellules croyait qu’il ne pourrait aimer personne d’autre. la naïveté de la danseuse s’était transformée en une colère presque élégante. même si ce soir son stratagème n’avait de mature que la transparence des vêtements qu’elle avait choisi. puisque maeum ne pouvait pas être la reine de son cœur, elle serait celle de la soirée. couronnée de dignité. comme si ses entrailles n’avaient jamais suppliées pour personne d’autre que lui.

si son entrée dans le club ne put être que remarquée, après tout maeum était de ces créatures qui ne laissaient personne indifférent, elle fut déçue de ne pas attirer tout de suite l’attention de celui qu’elle feignait d’ignorer. le bar fut choisi comme une place forte où elle laissa un figurant lui offrir un verre. son seul plaisir fut de constater qu’à chaque phrase sa langue manquait de s’étaler sur le sol. qu’il était prêt à mettre les deux genoux à terre pour un simple sourire de la part de la  jeune femme. rien à voir avec celui qui s’était souvenu au dernier moment de son existence.

elle pouffa et protesta à peine, lançant un faux regard désarçonné au pauvre garçon, lorsque kangbae la trouva enfin. c’était plus amusant de jouer à la victime que de faire un esclandre. elle fronça tout de même les sourcils sans pour autant l’arrêter, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que tous les deux. son front se plissait encore plus. quelque chose sonnait terriblement faux dans les complaintes du garçon. “il t’a fallu tout ça pour t’en rendre compte ?” son dédain pouvait enfin s’échapper à l’air libre et fouetter le visage de kangbae. “tu ne crois pas qu’un jour je vais en avoir marre de gesticuler pour avoir un peu d’attention ?” d’autre s’étaient prosterné pour moins que ça et maeum commençait à les trouver de plus en plus tentant. certaines plus que d’autres.

— des sourires par dizaine, qu’elle lui avait donné sans même qu’il ne demande de rien. des baisers par centaine, qu’elle lui avait offert juste pour un regard. des milliers de caresses, qui faisaient encore frissonner sa peau alors qu’il repensait aux moments doux et tendres, aux rires et à l’insouciante d’instants qui n’avaient appartenus qu’à eux. comme indécent de se remémorer ces souvenirs à cette heure, alors que les prunelles sombres le fusillaient d’éclairs qui semblaient pouvoir le foudroyer sur place. de la fureur et de la lassitude, qui brillaient dans ses yeux pourtant si beaux. même ainsi, il souhaitait la posséder, comme toujours. mais cela serait un prix trop lourd à payer que de lui demander une telle permission.

à la fois hautaine, grandiose, magnifique. du haut de ces escarpins qui lui rajoutaient des centimètres, la rapprochant de ses lèvres qui ne souhaitaient que fondre sur les siennes. alors qu’elle portrait cette tenue qui ne laissait aucune place à l’imagination, le laissant à la fois fébrile et enragé. elle avait parfaitement bien choisi ses armes pour venir l’affronter, lui qui n’était pas préparé à une telle attaque de sa part. Maeum n’était pas de celle qu’il devait convaincre aussi durement. un soupir, quittant ses lèvres mutines, une moue les étirant tandis qu’il détournait le regard, à la fois contrarié et désolé. “ Je ne voulais pas te blesser. ” le regard posé sur elle, pour capter ses réactions, trouver une solution vers la réconciliation. “ Personne ne te demande de gesticuler Maeum. J’ai été con, t’as le droit d’être en colère mais tu comptes énormément à mes yeux. ” les lèvres du rappeur se tordirent un instant sous la colère froide de la jeune fille, Kangbae sentant celle-ci lui glisser lentement entre les doigts. “ T’as le droit de ne pas me pardonner. Enfin, si tu pouvais le faire plus tard ? J’aime pas te voir fâchée comme ça. ” et sa main vint attraper celle de la danseuse, délicate et douce, pour pouvoir la retenir un peu plus longtemps auprès de lui. et de mieux la ramener totalement dans les secondes à venir.

— drapée de la plus séduisante des colères, maeum se pensait intouchable. splendide cariatide portant à elle seule le poids des péchés du seul homme prêt à la bafouer. pourtant il ne fallut pas longtemps pour que les mantras de cette triste guerrière fassent défaut à sa mémoire. elle s’était promis de rester digne mais ses convictions s'effritaient à chaque fois que kangbae ouvrait la bouche. qu’il posait ce regard d’une douceur à vous faire vomir et que sa voix entonnait une ballade désastreuse. celle qui avait causé la perte de maeum déjà trop de fois. son cœur se serra dans sa poitrine. il ne voulait pas la blesser et pourtant aucun des anciennes écorchures n’avaient guéries, pas alors que le jeune homme s’assurait régulièrement de faire sauter les sutures.

à peine quelques minutes avaient suffi à lui rappeler pourquoi elle tombait à ses genoux à chaque fois. et malgré la colère sourde, maeum se sentait déjà proche de la chute. même si elle savait pertinemment que les mensonges de kangbae n’avaient aucune limite et qu’il la gratifiait rarement de la vérité - s’il l’avait déjà fait. “je compte tellement que tu m’oublies tout le temps. tu m’aurais oubliée si les filles du club étaient plus jolies.” l’animosité se changeait doucement en amertume. c’était toujours le même cinéma, toujours les mêmes déclarations et toujours maeum qui se laissait faire. prisonnière de son propre chagrin, esclave de sa solitude. “qu’est ce que tu vas faire si je mets trop longtemps à te pardonner ?” puisque l’éternité semblait lui être interdite.

— loin encore étaient les cris, les pleurs et les reproches jetées en pleine figure. il n’y avait que la froideur, emplissant une rage qui lui était adressée et qui était bien différente de toutes ces fois où elle en était venue à l’abandonner. le regard lourd de sens qu’elle lui lançait aurait fait frémir n’importe qui d’autre, tombant alors les genoux à terre pour proférer des milliers d’excuses qui n’auraient pas la moindre valeur. il la couvait cependant de mots doucereux, de paroles toujours plus belles mais qui, au fond, avaient une once de vérité. mais plus les secondes s’écoulaient plus il paraissait que la jeune femme se changeait en sable entre ses doigts. glissant entre ses phalanges sans qu’il ne puisse même réussir à la garder.

“ Tu comptes bien plus que n’importe quoi sur cette fichue planète. ” mots soufflés, murmurés, avec la douleur des amants délaissés. “ Il n’y a pas plus jolie que toi. Même dans un filet de pêche, tu es celle que je choisirais en premier. ” ses lèvres se torrent davantage, Maeum ne semblant pas plus affectée que ça par ses longues tirades. à croire qu’elle devenait hermétique à cet amour qu’il lui verser continuellement. “ Je finirais par crever… ” le regard plongé dans le sien, pour lui montrer qu’il pensait pleinement ce qu’il venait de lui dire. et il le pensait véritablement. car sans elle, Kangbae n’était rien d’autre qu’un pantin désarticulé. “ Il ne restera rien de moi si tu ne pouvais pas m’accorder ton pardon." rien d’autre que des cendres et des hurlements de rage.

— ô comme le monde était cruel à donner un si beau visage aux cauchemars de maeum et la terreur qu’elle était en train de semer dans ses yeux le rendait encore plus séduisant. de leurs regards ourlés d’un romantisme désespéré, émanait une beauté tragique comme celle des tableaux qui ornaient les murs des musées. à une autre époque on aurait écrit des drames à leur effigie et fait de leur chagrin une légende. mais ils n’étaient pas une tragédie grecque et encore moins des héros de théâtre. non, ils étaient deux pauvres ères qui s’étaient écorchés l’un l’autre. il n’y avait rien de romantique et encore moins de romanesque dans cette énième acte d’une pièce de théâtre qui s’éternisait. qui tournait en rond. maintenant que kangbae lui déclarait son amour, encore, elle trouvait que leur histoire était en train de tourner au tragi-comique. maeum n’avait plus envie d’être une héroïne. elle n’avait plus envie de se forcer à chercher de la beauté dans les ruines de son cœur. kangbae était le plus bel homme du monde quand le malheur magnifiait ses traits mais la beauté n’avait jamais soigné une âme.

ses doigts glissèrent entre ceux du jeune homme pour libérer sa main de cette emprise trop douce. il pourrait écrire un opéra pour elle que maeum ne serait toujours pas satisfaite. ses sérénades s’étaient muées en mélopées jouées par un violon désaccordé. être belle. compter. plus rien n’avait de valeur. pas alors que la jeune femme réalisait l’ampleur de la farce calamiteuse qu’ils jouaient depuis trop longtemps. car si son absence était si douloureuse pour kangbae alors il ne l’aurait jamais bafouée comme il l’avait fait. si la mort était sa seule option alors il se serait resté à ses côtés, pour de vrai.

une tempête déchirante étreignait le cœur de la danseuse. il avait passé les deux dernières années à la trahir mais il ne pouvait pas vivre sans elle ? combien de fois était-elle tombée pour cet artifice et comment avait-elle fait pour ne pas voir la supercherie avant ? maeum était en colère mais elle commençait à avoir terriblement honte de sa naïveté. “il va falloir que tu apprennes à vivre sans moi.” sa gorge s’assécha et son cœur se mit à battre à l’envers. une voix caverneuse se mit à hurler qu’elle était en train de faire une grave erreur. qu’elle aussi ne savait plus comment faire pour vivre sans lui. que son univers allait s’effondrer à la seconde même où kangbae ne serait plus son centre de gravité. heureusement il existait une autre voix. mélodie discrète qui se demandait quand était-ce la dernière fois qu’elle avait eut besoin de lui pour vivre. ah, jamais. “parce que moi je ne crois pas avoir déjà vécu avec toi.” la solitude l’accompagnait depuis si longtemps que maeum ne faisait plus attention à elle.

— c’était comme manqué d’air, alors qu’elle s’enfuyait toujours plus. l’oxygène semblait se rarivier, lui donnant l’impression d’étouffer à mesure que les secondes s’écoulaient. tranchantes, insoutenables, dévorantes. et il ne pouvait lâcher son regard de ce visage, cherchant une faille, cherchant une issue pour qu’elle ne prenne pas la poudre d’escampette. mais elle était imperméable à chacune de ses paroles, chacun de ses vers. comme si, à la longue, elle avait fini par mettre des oeillères. et c’était une torture, bien plus que les autres fois, bien plus alors qu’elle se tenait face à lui, aussi belle et cruelle, en ce soir qui se devait d’être une fête. et non pas une condamnation. alors, armé de ce qui lui restait de douceur et d’amour éternel, il se rapprocha encore, réduisant l’espace pour que jamais elle ne s’éloigne à nouveau. sans réellement savoir s’il en sortirait vainqueur. car comme aucune autre fois, nouveauté notable, Maeum n’avait pas fait preuve d’éclats de rage ou de tristesse. juste des mots posés qui avaient le don de le perturber.

“Je ne suis pas certain d’y arriver… ” vérité soufflée en un murmure affligé, lui qui bien qu’il n’était qu’un papillon de nuit, ne pouvait se détacher de cette lumière qui émanait de la danseuse. phare qu’il rejoignait toujours, ancrage dont il ne pouvait se séparer. si le feu s’éteignait, si la lumière devait disparaître pour toujours, où donc pourrait-il aller ? “ Tu es mon ancrage. Mon oxygène. La source même de ce qui me maintient en vie… je ne suis rien sans toi Maeum… ” rien qu’un pauvre type aux milliers de chansons, aux centaines d’accords. un garçon perdu dans le grand bain, qui faisait comme si le monde lui appartenait. pour ne pas voir que l’arrivée était encore bien loin de ce qu’il imaginait. seulement, elle se défaisait de son emprise, le laissant sans voix un instant, perdu dans ce regard qu’il croyait connaitre par coeur. ce soir, alors, il se rendit compte qu’il faisait complètement fausse route.

les lèvres du jeune homme se pincèrent durement, le coeur pris dans une terrible torture. un déchirement qu’il tentait de calmer en se disant que, comme toujours, elle finirait par revenir si elle venait à s’en aller. pourtant, au fond, il n’arrivait pas à croire totalement à ses propres mensonges. “ Que comptes-tu faire dans ce cas-là ? ” à ne pas poser la question. à ne pas faire allusion à l’inévitable, la pire sentence pour sa personne. le pire cadeau pour son anniversaire. “ Il n’y a rien que je puisse faire ? Dis-le moi, je m’exécuterais sur le champ. ” pour lui prouver, dans un sursaut d’espoir, qu’il pouvait faire des efforts. rien que pour elle.

— l’amour lui avait brûlé les ailes. arraché la langue. écorché l’âme. et alors même qu’elle était en train d’y mettre un terme, maeum n’était pas sûr de pouvoir aimer aussi violemment qu’elle l’avait fait. comme une fleur qui aurait éclos trop vite à cause d’un hiver trop court et trahie par un printemps qui n’était jamais vraiment venu. kangbae était comme les congères qui attaquaient après la traîtrise d’un redoux. trop de fois il lui avait fait baisser sa garde pour mieux l’abandonner après s’être assuré que les pétales de maeum ne puissent éclore que sous sa chaleur artificielle. il parlait d’oxygène mais ne l’avait jamais laissée respirer, elle.

ses yeux se chargèrent de larmes prêtent à s’échapper alors qu’il lui servait la même rengaine. il ne pouvait vivre sans elle. maeum était la boussole de sa vie immorale, son roc, son essence. tellement qu’il n’avait jamais cessé de lui être infidèle. tellement qu’il n’avait jamais su lui prouver son amour que dans les bras des autres. il l’aimait si fort qu’il l’avait érigée au rang de déesse bafouée. qu’il avait fait d’elle une héra pathétique, même pas bonne à punir les nymphes qui alimentaient ses péchés.

soudainement ses talons lui parurent trop hauts et sa robe trop transparente. comme si elle était en train de livrer à toute la boîte de nuit les secrets de son cœur meurtri. leur offrant la délicieuse tragédie de leur fin tardive. comme si le monde entier, si ce n’est eux, savait qu’ils avaient mis un temps fou à s’affranchir l’un de l’autre. et même si elle pouvait déjà sentir les moignons de ses ailes se libérer, prêts à battre de nouveau, maeum sentait aussi le désespoir empâter sa gorge.

“dans quel cas ?” les mots sortaient avec une lenteur douloureuse comme englués dans un champ de boue. “je vais arrêter de faire, kangbae.” elle prit une pause de quelques secondes. “je vais arrêter de te croire. je vais vivre sans toi une bonne pour toute.” sa voix s’étrangla. cela devenait trop réel. trop de fois elle avait fantasmé d’une vie détachée de la malédiction qu’il lui avait jetée et maintenant qu’elle s’offrait à elle, maeum était terrorisée. terrorisée de dire ces quelques mots qui mettraient fin à leur agonie. qui mettraient tout au clair. “il faut que tu arrêtes de croire que tu m’aimes parce que moi je ne veux plus t’aimer. plus jamais.” et elle ne put rien faire contre les larmes qui se mirent à couler, éparses, sur ses joues.

ô, comme elle aurait adoré continuer de l’aimer.

— en lambeaux de chair, émaciés, atrophiés, son coeur se démanteler dans sa poitrine sans qu’il ne puisse rien contrôler, les voix lui soufflant que tout cela ne durerait qu’un temps n’arrivant pas à le conforter. une déchirure, qui ne faisait que s’agrandir à mesure que les secondes s’enfuyaient, ne laissant derrière elles que douleur et goût amer. pris au piège dans cette scène désolante dont il souhaitait effacer les contours, pour en faire quelque-chose de plus doux, de plus plaisant. mais elle ne voulait rien de tout cela. juste s’échapper, s’enfuir et ne plus avoir à faire à son regard. et entre ses doigts, tous les grains de sable avaient coulé, retournant à cette mer dont il ignorait maintenant la position exacte. trop loin elle était maintenant et sa boussole semblait cassée. surement qu’avec les jours, les semaines, il finirait par retrouver la route qui mènerait à son être.


comme bien des fois auparavant


une blessure qu’il n’arrivait pas à panser. et sous les traits de cette jeune femme qui occupait ses pensées, un vide insondable. Kangbae sentait bien qu’aucune de ses paroles ne réussirait à la faire changer d’avis, ni à la faire revenir vers lui. pas maintenant. insister ne le mènerait nulle part, excepté à sa propre perte. il lui fallait la laisser partir… ne pas la retenir davantage. au quand bien même il aurait voulu la prendre dans ses bras pour l’éternité. “ Rien de ce que je te dirais ne te fera changer d’avis… pas vrai ? ” un soupir lourd, passant dans sa gorge, montant dans la boite de nuit où ils se trouvaient, mais comme coupés du monde. l’univers tournait, sans se soucier d’eux et de leur histoire. sans se soucier des larmes qui coulaient sur ces joues. ou dans cette carcasse. “ Je ne crois pas t’aimer Maeum… je t’aime. Vraiment. Je t’aime bien plus que ne te pourra jamais l’imaginer… mais cela a-t-il encore de l’importance maintenant ? ” un geste d’abord pour pouvoir effacer ces perles salées sur sa peau, qui se suspend avant d’arriver à destination. avait-il encore le droit de la toucher après ce qu’elle venait de lui dire ? avait-il même quelques droits sur elle à présent ? pas en l’instant. “ Vis sans moi… si c’est ce que tu souhaites. Mais saches que jamais je ne pourrais véritablement vivre sans toi. ”

son pouce vint effacer les larmes sur son visage, passant un instant dans son cou, effleurant cette peau qu’il avait touché maintes et maintes fois. il voulait croire, un peu, que cela ne serait que de courte durée. que comme bien des fois auparavant, Maeum finirait par revenir vers lui et l’aimer à nouveau. qu’ils pourraient être ensemble, amoureux. il semblait cependant à Kangbae que cette finalité prendrait plus de temps à arriver que toutes les autres fois précédentes. il sourit pourtant, ne souhaitant pas rester meurtri de la sorte face à elle. pour essayer de la faire sourire un peu, peut-être. “ C’est pas le meilleur cadeau d’anniversaire que tu m’aies offert. Je vais devoir m’en contenter on dirait. ” et dans un élan de douceur non contrôlé, ses lèvres vinrent se poser sur le front de la jeune femme, un sourire maintenant tordu sur les traits. “ Pars maintenant… ou j’essayerais à nouveau de te retenir. Et ce n’est pas ce que tu veux. Alors va-t-en. ” et surtout ne reviens jamais…


même si je te le demande mon coeur

— l’apocalypse était vêtue d’une mousseline de soie et chaussée par versace. ils étaient magnifiques à regarder leur monde s’effondrer sur lui-même après avoir trop longtemps tenu en équilibre sur des bases factices. y mettre fin c’était faire place à la réalité mais maeum n’avait jamais aimé le monde réel et s’était toujours cachée dans un univers alternatif. une zone de non droit où rien ni personne ne pourrait l’atteindre. mais ce soir elle n’en connaissait plus les règles. ce soir la vérité était sale. ce soir la vérité l’avait écorchée vive.

maeum n’éprouva pas le soulagement qu’elle avait imaginé alors qu’elle coupait leur lien avec des ciseaux émaillés. il n’y avait rien d’héroïque dans cet adieu, juste elle et cet amour qu’elle voudrait arracher hors de sa poitrine à mains nues, quitte à y laisser quelques morceaux. quitte à se perdre un peu. mais non et la voix hurlait plus fort que jamais qu’elle ne pourrait rien faire sans kangbae. que sa vie toute entière gravitait autour de lui. qu’elle n’avait qu’à lui pardonner encore une fois et se couper encore un peu plus du monde. parce que si les mots du jeune homme n’avaient que peu d’impact sur elle, c’étaient les sentiments de maeum qui semaient le doute en elle. tout ce qu’il pourrait dire n’y changerait rien alors que son cœur lui… n’avait besoin d’aucune promesse.

les larmes redoublèrent d’intensité alors qu’il lui chantait son amour la millième fois. l’amour n’avait jamais été le problème, sinon jamais la jeune femme n’aurait fait son apparition à cette soirée. c’était l’amour qui avait guidé ses pas et l’avait retenue si longtemps. “je sais que tu m’aimes kangbae.” sa voix se brisa contre les basses tonitruantes de la musique jouée en arrière plan. “je le sais très bien mais ça ne suffit plus. ce n’est pas d’amour dont j’avais besoin mais de toi.” qu’il reste à ses côtés à tout jamais comme elle croyait qu’il lui avait promis. “mais t’es jamais là. t’es jamais là kangbae.” il n’était qu’un mirage qui la noyait dans un oasis de douceur.

sa main vint déchirer sa poitrine avec toute la délicatesse du monde et elle du étouffer un sanglot sonore en sentant les doigts du jeune homme remonter le long de sa nuque. pour seule excuse pour cet anniversaire calamiteux, son visage se tordit dans une grimace douloureuse. maeum avait oublié la raison première de ces festivités mais elle ne se sentait pas désolée. parce que ce n’était pas son anniversaire qu’elle était en train de gâcher mais leur vie. ses yeux suppliaient pour qu’il trouve un moyen habile de la retenir. après tout c’était ce qu’il faisait tout le temps. il trouvait toujours une pirouette, les bons mots pour qu’elle retourne à ses côtés et se comble d’un bonheur factice. alors pourquoi pas cette fois ? pourquoi décidait-il soudainement de respecter ses sentiments ? “kangbae…” implora-t-elle d’une voix faible. son cœur rata un battement alors qu’elle avait cru qu’il allait l’embrasser. une douceur froide et effrayante dégoulina de son front jusqu’à ses pieds. l’horreur et le malheur se cachaient dans ce qu’il y avait de plus beau en ce monde.

“pardon” et elle disparu dans la nuit.


l’apocalypse, s’était elle.