❝ S’être frayé un chemin discret jusqu’aux toilettes, quittant ses compagnes un instant, l’esprit dérangé lorsque l’oiseau arrache son sourire dès la première lecture. Luxure devenue OBSCURE. Heureuse d’être assise, le couvercle du trône fermé alors qu’elle attend réponse. De ses crises d’angoisses qui n’étaient plus intervenues depuis des mois, à s’en mordre aujourd’hui les doigts. L’envie presque là - effrayante pensée - lorsqu’elle s’imagine ses faux ongles arrachées. Ils s’enfoncent pourtant, pressant contre la paume de sa main, à croire qu’ils calmeront les pulsions névroses. Terribles nausées. Princesse aux allures glaciales, qui pourtant s'effacera encore une fois, se préférant VICTIME du destin plutôt que coupable d’un naufrage où l’une de ses membres sombrerait à sa place. Elles souffrent déjà d’être à ses côtés. Leurs ailes ont déjà tant brûlé. Il est néanmoins difficile de se croire capable d’une telle ACTION lorsqu’elle s’avère être la seule solution. Souvenirs d’une dernière discussion.

Iris encore humides - les larmes qui ont coulé malgré l’envie de paraître sereine - à la recherche d’une silhouette longtemps évitée dans les couloirs. Le coup d'œil dans la salle de réception est discret, rapide. Rien d’alarmant, suffisant. Juyeol qu’elle trouve finalement dans la froide nuit, la tête entre ses doigts, appuyé contre le balcon. Le ciel qu’elle remercie au constant de sa solitude. C'est toujours ça de gagné, même si le chemin semble écorné. Avec répugnance, elle s'élance, décision qui sonne comme une DISSONANCE.


Juyeol. Je te cherchais, souffle-t-elle. Sa peau brûle sous l’éclat de la lune, à se faire du mal lorsqu’elle s’aventure sans manteau. On s’est fait beaucoup de mal cette année, et je… Plus aucun bruit ne sort entre ses lèvres. Elle peine à croire à ce qu’elle s’apprête à dire. Presque plongée dans une forme de déni alors qu’elle s’approche un peu plus de lui. Si ses mains tremblent, ce n’est pas à cause des vents glacés. Tu me manques. Murmures à peine audibles. Ils se fondent entre la musique provenant du bal et le regret. C’est discret. On devrait peut-être… Faire autre chose que détruire notre amitié, tu crois pas ? Dernières lignes scénarisées prononcées lorsqu’elle pointe du bout des doigts une branche de gui, ses pensées pourtant à l’opposé de ses films romantiques où les deux êtres aimés se retrouvent OBLIGÉS.

Sous le charme d'une étreinte sans émoi,
Elle s'abandonne à ce jeu qui la déçoit.

❝ Le rôle abject d’un amant éconduit qui s’obstine, forçant sa présence à proximité de sa cible ; suffisamment nonchalant pour proclamer son innocence. Kiyong ne lui adresse pas la parole, s’efforce de ne pas croiser son regard mais c’est tout son être qui est au diapason de Naomi, à l'affût du moindre prétendant. Un moment d'inattention, distrait pas les reflets scintillants et les bribes de conversation tel un enfant, et Kiyong la perd de vue. Cendrillon des temps modernes ne laissant rien dans son sillon, et c’est tout le chantage de The Bird qui le saisit à la gorge, le poussant à braver la foule en quête de celle qui a le plus à perdre de sa négligence. Une paresse feinte au milieu des convives, peu désireux d’attirer l’attention, mais Kiyong presse le pas, désespéré de trouver Naomi dans la réflexion d’une vitre ou l’intimité d’une pièce délaissée. C’est sur un balcon qu’il l’a trouve et la sentence tombe ; perdant et perdu. Si The Bird a des yeux partout, alors interrompre ne satisfera que sa propre mesquinerie, mais les paroles le figent. Une scène que l’on croirait écrite pour eux ; élégants et baignés par les astres pour une résolution dont Kiyong ne connaît aucun détail. Il avait cru comprendre que Juyeol était allé trop loin, mettant en péril une amitié déjà devenue bancale. Mais peut-être n’avait-il rien compris ; encore une fois. Au nom d’une tradition que Kiyong croyait apprécier, Naomi rompt la distance et rien ne l’y l’obligeait. Un choix. Comme celui d'accompagner Kiyong sur des terres privées et de partager des moments de toutes formes. Pas si spécial finalement. C’est l'incompréhension et une légère dose d'humiliation qui le gagne face à une rivalité inconsciente qui n’avait jamais eu lieu d’être. Eux qui ne sont rien, incapables de promesses et dénués de devoirs. Il s’était laissé avoir, était allé trop loin dans l’indulgence et en payait désormais le prix. Bouffé d’amertume et de sentiments meurtris qu’il refuse de contempler, Kiyong s'éclipse, peu désireux de témoigner de la suite. Il a perdu son action, conscient de la punition qui l’attend ; des photos d’un duo interdit sur une plage. Un duo prêt à se faire abattre pour laisser place à celui qui renaît de ses cendres.

Appuyé contre la balustrade, Juyeol observe le ciel en silence. Il contemple les étoiles et leur magnificence sauvage que seule la lune arrive à dompter. À l’écart des festivités, il profite de ce court moment de solitude pour s'entendre penser. Il en a grandement besoin. Il doit faire un tri dans ses pensées et songer à de nouvelles perspectives. Mais il est rapidement interrompu. Et lorsqu’il se tourne dans la direction opposée, il doit faire face, pour la première fois depuis longtemps, à son plus grand échec. Naomi ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être avec les autres ? Il l’observe, d’un air un peu perplexe. Il ne comprend pas bien la raison de sa venue. Et encore moins ce qu'elle essaye de lui dire. Je te manque ? Juyeol manque de s’étouffer en prononçant cette phrase. Après tout, il fut un temps, il aurait pu mourrir pour l'entendre de sa bouche. Mais aujourd’hui, ces mots semblent si vides de sens... Je pense que tu as trop bu tu devrais… Juyeol n’a pas le temps de terminer sa phrase. Naomi scelle sa bouche par un baiser. Elle qui semblait si loin autrefois, est si proche désormais. Juyeol peut sentir son souffle chaud sur ses lèvres et le parfum de sa bouche. Inconsciemment, il espère que le temps s'arrête ; qu'il se fige à tout jamais. Mais il sait que ce qu'ils font est mal. Il doit lui résister. Brusquement, il pose ses deux mains sur ses épaules et la repousse. Il recule d'un pas avant de reprendre son souffle. Si c'est pour te venger de la dernière fois, alors je l’ai bien cherché. Mais on ne peut pas continuer comme ça Naomi. On est en train de se déchirer. Il relève le menton dans sa direction et l'observe d'un visage ferme et déterminé. Tu comprends ? On doit aller de l’avant. Je dois passer à autre chose. Et avec ce que tu viens de faire… Il songe à nouveau au baiser qu’ils viennent d’échanger. Si tendre. Si chaud. Si parfait. J’ai l’impression de perdre la tête. Je comprends pas ce que tu veux. Un coup c’est oui, un coup c’est non… Naomi qu’est-ce que tu veux de moi, hurle-t-il à son encontre d’une voix désespérée.

❝ Ironique, n’est-ce pas ? Que les vêtements portés s’accordent en parfaite opposition. Qu’une robe noire, l’esprit aussi sombre dans son aventure, s’immole aux côtés d’une chemise blanche, et perd ses ailes sous le regard d’un smoking ANGÉLIQUE. Caché, invisible. Cœurs palpitants sous la poitrine. D’un dégoût ardent. Situation qui dérape, qu’elle espère néanmoins satisfaisante, aux yeux de l’oiseau maudit dont le souhait est désormais accompli : à croire qu’il s’agit-là d’un jeu dont Juyeol en est le maître - le traitre. Si la dernière fois qu’il s’était vu, l’échange avait coûté l’amitié déjà bancal entre eux, aujourd’hui elle semble plus onéreuse : sensation désagréable en bas du ventre, née bien avant que ses yeux ne croisent le regard de Kiyong et qu’elle en perde l’équilibre contre la rambarde du balcon, créant ainsi une distance entre elle et le DIABLE. Peu importe LES MAUX qui ornent son poignet lorsqu’elle se rattrape dans sa chute, ça ne sera jamais aussi douloureux que le départ de l’être adoré après la faute.

Tout se brouille. Des sons qu’elle ne reconnaît plus, à ne plus faire la différence entre la musique dans la salle et les hurlements de Juyeol quand il s’affole. Il faut qu’elle le rattrape. Seule pensée qu’elle arrive à formuler. Ah, oui tu as raison… souffle-t-elle, le regard plongé dans le vide, allons de l’avant. Faisons ça, oui. Des mots sans la moindre importance. Prononcés sans prendre part au chantage, loin d’être là où on l'attend : perspicace, assurée et sincère. C’est terminé. Elle ne joue plus à ce jeu dangereux. Il y a déjà trop de malheureux. On en reparle plus tard, d’accord ? Il faut qu…qu… Soudain la voix disparaît. Lorsqu’elle se rend compte que les jambes ne réagissent plus malgré la volonté. Malgré l’envie désespérée. Tétanisé à l’idée que les souvenirs à la plage ne soient plus qu’un rêve. Cauchemardé.

Et les ongles dans sa main s’enfoncent encore. Cette fois, la barrière de la peau s’est fissurée. Cicatrice qui restera. Qui rappellera à cette éternité la triste RÉALITÉ. Tous les ravages qu’elle a créés. Je n’étais pas certaine de ce que je voulais, mais maintenant je ne suis plus certaine d’en être capable, confie-t-elle en se redressant. Rien de ce qu’elle ne fait de sens. Rien de ce qu’elle dit ne pourrait atteindre Juyeol d’une façon ou d’une autre puisqu’il s’agit de Kiyong. Puisqu’il a toujours s’agit de Kiyong. Que lorsqu’elle a posé ses lèvres machinalement contre celles de Juyeol, c’était à ses baisers au bord de la plage qu’elle pensait. Il est temps de reprendre part à la fête. Malgré le corps qui tangue. Malgré la nausée qui arrive. Il est temps. Temps de prendre part à la course. Celle qui prendra des semaines avant que le soleil éclaire à nouveau la route. Que l’océan hivernale laisse place à celle du printemps, et que l’été berce encore leurs âmes d’enfants dans ces batailles d’eau salé.  Volupté.

Kiyong ! Kiyong…! qu’elle hurle de toutes ses forces dans ce jardin de solitude. Prénom qu’elle hurle sans faire attention mais qui jamais ne se retourne.