La vie sans toi. T’imagines ? La vie sans elle, tu l’imagines toi ? T’y penses parfois ? Est-ce que ça t’arrive de te dire que peut-être - un jour - elle sera qu’un souvenir ?

Elle, pendant toute sa tournée, elle y a pensé. Et ça l’a tuée. C’est con d’aimer autant quand elle a aucune raison de le faire. Quand elle t’a même donné à toi toutes les raisons de pas vouloir de son affection à la con. Mais elle est bête. Tu le sais qu’elle est conne. Elle a gâché tellement de choses. Tes sentiments qu’elle t’a recraché à la gueule à l’époque. Elle sait que ça te brise toujours le cœur. Mais réparer un cœur brisé, elle sait pas faire. Elle sait déjà pas quoi faire du sien tout tremblant devant toi, alors comment tu voudrais qu’elle soigne ton palpitant à toi ?

Mais même si elle sait pas, elle est là. Parce qu’elle s’est laissée bouffer par cette pensée. Ce serait quoi sa vie sans toi ? Est-ce qu’un jour elle se réveillera vieille et aigrie avec le souvenir douloureux d’avoir jamais su se briser pour t’aimer ?

Et quand tu sors de ta salle d’entraînement, elle est là. Les doigts qui se crispent sur ses mains quand la nervosité la gagne. C’était facile de savoir quoi dire quand elle était pas devant toi. Mais là, elle devient l’enfant apeurée qu’elle a jamais été. Mais c’est Sia. Elle laisse pas la peur la dominer, Sia. La chance, paraît que ça sourit aux audacieux. T’y crois toi ? Elle oui.

“Jayden.” On pourrait presque croire qu’elle est calme comme ça. Alors qu’à l’intérieur, c’est la guerre. Et oui, elle s’en fout d’avoir débarqué dans ton building. Tu t’attendais pas à ça, hein ? Mais est-ce que ça t’étonne ? Les mots lui échappent, ça lui donne envie de crever. Alors pourquoi réfléchir même ? ”J’en ai marre de tout ça. Je veux qu’on soit quelque chose toi et moi.” Les iris qui piègent les tiens pour pas que tu t’échappes.

Parce que non, il y a pas d’échappatoire là. T’as pas envie, toi, de lui donner la chance qu’elle t’a toujours refusé ?

Ça rompt, ça lâche. Puis les jours passent. Rien ne change. Le cœur aussi il reste planté là. Une misère. Il soupire. Il peine à se concentrer.

Pourquoi faire se tourmenter ?
Se défoncer la gueule en espérant que le lendemain sera moins pourri.

Les mains sur le visage. Se mettre dans l’obscurité. Loin des lumières. Être seul, avec soi-même. Mais même si les rétines ne se bousillent pas, c’est ennuyeux. Être seul, c’est ennuyeux.  

Mais est-ce que je ne l’ai pas été toute ma vie finalement ?

Hélas, les ombres passent, mais ne restent pas. C’est un calvaire. De la merde même. S’attacher ? Pourquoi faire ? Pour en perdre un morceau de plus de ce cœur déjà bien massacré. C’est cruel. Mais c’est ainsi. C’est que comme ça qu’il survit.

Et je m’égare plus encore.

Incapable de faire quoi que ce soit, il vaut mieux s’en aller. Loin de tout. Loin des pensées. Loin du souvenir de toi. Mais alors que la conscience en rejoue les scènes misérables, c’est ta voix qui vient empoigner son attention. “Sia ?” (Mauvaise) surprise qui se dessine sur les traits. Les yeux se plissent pour comprendre, et le cœur manque un battement quand il en entend ta demande.

Tu te fous de ma gueule, Sia ?

“C’est tout ?” A jouer les gros durs, quand il veut juste aller se réfugier. Tu le terrifies Sia. Mais n’est-ce déjà pas un signe qu’il ne parvient pas à t’oublier ?