— des minutes ? des secondes ? ou des heures ? le temps ne semblait plus avoir d’importance, glissant sur sa peau sans que cela ne lui fasse ni chaud ni froid. une absence, qui lui parut une éternité, alors que les dernières effluves de cette débâcle s’envolaient par de-là la ville. et il y avait dans l’air comme un goût amer de défaite et l’odeur puissante de sa stupidité. elle qui, comme toujours, cherchait là où il n’y avait rien à chercher. bientôt, les voix dans sa tête lui rentrèrent dans l’âme des idées auquelles elle ne devait plus se déroger, sous peine d’être à nouveau complètement ridicule. car le monde ne tournait pas comme elle le pensait. une grimace étira ses lèvres, l’estomac tordu en des noeuds si bien faits qu’il serait difficile d’en venir à bout. mais Hana n’en avait plus que faire. tout cela n’avait été qu’une parenthèse absurde dans son existence étincelante.
à revenir parmi la foule, à faire comme si rien de ce qui s’était produit il y a quelques minutes n’était jamais arrivé. à travers les couloirs, sans se préoccuper des visages qu’elle croisait. des étrangers, qui amoncelaient sa route. des dizaines auxquels elle n’adressa pas une parole, pas un regard. trop perdu dans le flot continuel et torrentiel de ses songes défaits. et comme si l’univers autour d’elle n’existait pas, elle continua sa route, cherchant à oublier, effacer, les minutes déjà écoulées. pour ne plus avoir à se poser de questions, ne plus se sentir ainsi bafouée. ô hana, quelle idiote tu es. et à ne pas faire attention à cet environnement dans lequel elle avait pourtant l’habitude d’évoluer, des malheurs pouvaient poindre le bout de leur nez. une surprise immense tandis qu’elle masquait son visage de ses mains, la douleur montant dans son nez la faisant grimacer. à ne pas regarder où on va, on finit par causer des accidents. “Désolée, je vous ai pas vu… ” voix à moitié étouffée entre ses phalanges, l’inconnu lui faisant face n’ayant pas encore été identifié, elle qui restait cachée derrière ses paumes et sa honte.