— l'effervescence du désert remplacée par les bourdonnements du tarmac ;
mélodie disgracieuse.
l'estomac encore retourné de tout ce qu'elle a pu vivre en l'espace de trois jours – les derniers de ce grand voyage.
alors qu'on lui avait promis une fin de festival mémorable, elle priait les cieux de lui faire oublier ces dernières soirées. l'agitation inconfortable de voir naître une fausse relation et l'esprit encore embrumé d'émotions poisons.

le corps relâché sur son siège passager, elle ne fait pas attention aux visages qui passent, l'attention absorbée par la lumière de son écran, affaiblie par tous ces nouveaux commentaires. des centaines, des milliers. jamais d'accord. saehee la sorcière. ilkwon la victime. elle ne sera jamais à sa hauteur. jamais. et ça la fait rouler des yeux. à pester intérieurement contre ces inconnus ne sachant rien faire de mieux que de commenter une vie qui n'est pas la leur.

quand l'effluve d'un parfum familier caresse son odorat alarmé.
doux mélange boisé et épicé, les restes d'un flacon qu'elle a pu observer de nombreuses fois dans le coin d'une étagère il y a plusieurs mois. un rappel qui l'oblige à relever la tête, à ta recherche. comme s'il ne pouvait y avoir que toi sous cette fragrance réconfortante.

et dans ses yeux noirs, ton reflet. tu prends place un peu plus loin, à quelques rangs derrière elle. assez éloigné pour éviter toute rencontre infortune, mais pas assez pour échapper à son attention. t'as pas capté sa présence (ou alors tu fais semblant). à préférer l'ignorer plutôt que de te confronter à nouveau à vos querelles perpétuelles.

[...]

trois heures. trois heures de vol semblables à dix. un long soupir brise la barrière de ses lèvres alors que l'ennui persiste et que le sommeil résiste. machinalement, elle se retourne et jette un coup d'œil en ta direction ; les paupières fermées, tu sembles si paisible, si loin. ses sourcils se froncent sous la frustration de te savoir assez calme pour rejoindre les bras de morphée quand ses pensées l'empêchent de tomber dans un sommeil doux et rapide. soudain, c'est la malice qui s'invite dans l'encéphale, serrant la main de ses envies. la voilà à quitter son siège pour demander discrètement à ton voisin s'il accepte d'échanger de place avec elle. après des petites négociations, elle s'installe sur le siège chaud, un sourire tendancieux au coin des lèvres. les minutes passent et tu restes endormi, bien parti. à ignorer sa présence à tes côtés quand elle n'attend qu'une chose : soulever tes paupières. impatiente, elle fait glisser son coude sur l'accoudoir pour pousser ton bras légèrement. trop vive pour que tu comprennes ce qui a pu te perturber dans ton sommeil. l'expression innocente et pourtant bien insolente, elle n'attend pas plus longtemps. from the way you're sleeping, it seems like you're no longer angry. rappelle de vos derniers échanges plutôt salés.

@kang hyunbin

— poumons trouvant leur paradoxe sous la poussière du weekend.
à n’en point écouter les conseils pour mieux vivre l’expérience de sa manière.
désastre à n’en point finir.
ascension des émotions pour n’en finir que bouffon de la reine. mieux vouloir la croire pour s’faire rebouter toute confiance par un vulgaire torchon. il donnait bien vite sa confiance. toutes les mêmes certains diraient. téléphone vibrant constamment pour lui rappeler la merveilleuse idée qu’il avait eu d’venir dans ces lieux qui n’avaient rien d’angéliques mais bien d’un enfer sur cette terre. à s’farcir plus d’une dizaine d’heures de vol pour retourner au bercail, ses platines l’attendant patiemment pour mieux lui rappeler ce qu’il était vraiment.
pas besoin des internautes ou du piaf pour savoir qu’il était bien trop loin d’une zone atteignable. regard vide, focus impossible tandis qu’il est installé en première classe. unique billet restant. carte bleu chauffant un peu fort pour un weekend de festival. l’esprit en boucle sur les dernières conversations avec la royale, la fatigue du weekend et un beats qui ne voulait pas sortir de sa tête.
[…]
morphée le récupère dans son embrasse bien trop rapidement. jamais celui ne qui tient debout pendant un trajet, premier à dormir. automatisme avec les années dont il ne peut se délester. sommeil rapide mais léger. mouvement présent venant entrer dans sa zone de confort. sourcils venant se plisser pour l’inconfort produit tandis que les paupières ont bien du mal à se rouvrir pour faire rentrer l’environnement dans la vision. les phalanges y mettent des leurs en venant frotter les tempes pour mieux revenir dans cette réalité. déjà incapable de se souvenir où les songes l’avaient emmené. sûrement entre les draps bien familier auprès d’un rire venant hanter ses pensées depuis plusieurs mois. hm ? il n’en est que déroute d’entendre la voix familière sans vraiment capter le sens des mois au premier passage dans l’esprit pour mieux tenter d’engendrer le processus de réflexion. what? who? when? how? clairement pas son voisin de siège au décollage. sinon, il devait clairement aller voir le médecin si un businessman venant à se transformer en la divine. peut-être pas l’idée la plus délirante d’arrêter la fumette. what are u doing here? go sit with your boytoy, he’s gonna get jealous and i want no problem with him or his agency. mots qu’ils voudraient dire par millier. la retenir plutôt que la voir se relever pour suivre ce qu’il pouvait bien dire. à s’en rappeler bien que trop tard les conseils de minsik. pourquoi tout devait être si complexe avec les idoles ? celle ne lui devant rien et pourtant il était peut-être l’unique qui souhaitait se voir à ses côtés. et pas simplement à travers la vitre de la cabine de production.

@bae saehee

— voleuse des songes ;
à s'imposer dans ta tête, reprendre la place qui lui revient de droit. la voilà à scruter tes traits comme si ils lui avaient échappé ces dix dernières années. mais le regard toujours voilé d'une fausse suffisance. gamine outrée d'être l'unique pantin encore debout dans l'avion alors que ses paupières voudraient elles aussi trouvées le repos tant attendu. la tête prête à exploser, à trop penser – elle rêve du silence. et pourtant, c'est à tes côtés qu'elle s'installe, tentative vaine de partager un moment avec toi sans vraiment savoir pourquoi. car si le cœur ne pulse pas aussi fort que le tien, il reste adouci par ton sourire. réconfort presque addictif dans cette vie trouble. me. bae saehee. right now. and i don't really have an answer for how but... tes yeux qui s'écarquillent à sa vision, comme incrédule face à cette rencontre fortuite (enfin, pas tellement).

elle n'arrive à s'empêcher, lève ses yeux au ciel avec un léger claquement de langue contre son palais. le bordel provoqué par la simple présence d'ilkwon au festival suivi d'une bombe créée par les commérages, les réseaux sociaux ; bien sûr que tu n'allais pas l'accueillir à bras ouverts. unfortunately, the seat next to him isn't free. réponse inventée de toute pièce, elle ignore si ilkwon se trouve dans ce vol également. now that you're up, maybe we can talk. l'insolence cachée, à feindre son implication dans ton réveil. trop égoïste pour ne pas profiter de ces heures dans les airs à tenter d'apaiser les tensions accumulées. saehee pique la bouteille d'eau devant toi pour en prendre une gorgée. so, you're still angry? qu'elle demande le ton bas sans vraiment te jeter de regard, à regarder les autres passagers dormir.

@kang hyunbin