— la nuit qui commence doucement à se poser sur les silhouettes des buildings et dans les rues toujours bondées de la capitale coréenne, bourdonnement presque permanent dont elle a horreur. trouver refuge vers le lieu de ses convoitises devient alors soudaine nécessité, pour cesser cette cacophonie qu’elle a appris à détester au fur et à mesure de son existence passée à séoul. bientôt, elle dansera pour oublier la gêne que le monde alentour provoque. promesse qu’elle compte tenir et dont elle a fait part de son enthousiasme à de trop nombreuses reprises, apprendre la chorégraphie millimétrée, intense, acharnée, de cette chanson qu’elle a ajouté à sa playlist depuis des mois. fantaisie qui n’a jamais pu aboutir, emploi du temps sévèrement chargé et dont elle n’a pu y trouver le moindre temps libre, avant aujourd’hui.

au fil de la route, le sourire qui s’étire lentement, comme présage de son humeur égayée. le chemin qui diminue à force de presser la cadence éphémèrement installée, à presque sautiller sur son siège, voiture aux vitres teintées passant dans les ruelles étroites. sur sa tête, le casque qui répète, dans une boucle interminable, le morceau qui l’a fait sortir de son dortoir. au coin de son esprit, l’empressement qui la pousse à ne plus pouvoir cacher son enthousiasme, sentiment qui ne demande qu’à s'extérioriser. et peut-être enfin, soigneusement cachée au creux de son palpitant et qu’elle refuse encore d’admettre, l’envie de le retrouver. lui. lumières artificielles voguent, défilent sous ses yeux brillants alors qu’on lui signale de sortir. ahri s’engage dans le bâtiment toujours éclairé qu’elle n’a jamais foulé, suivie de son manager qui veille perpétuellement, à furtivement envoyer un message à l’être attendu pour le prévenir de son arrivée. présentations fugaces à l’accueil alors qu’on les incite vivement à suivre la personne chargée de les diriger jusqu’à la salle d'entraînement préparée pour l’enregistrement vidéo du challenge, à ne pas avoir le temps de regarder aux alentours tant on l’empresse. bonjour ! et ahri se dévoile enfin, la mine plus réjouie qu'à l'accoutumée (visage souvent fermé), alors qu’elle salue poliment les quelques personnes présentes dans la pièce, y compris le garçon à qui elle a promis de danser. junghan, dont elle se rapproche après avoir confié son sac à son manager, à lui souffler malicieusement ses quelques prouesses. j’ai bossé la chanson depuis la dernière fois qu’on s’est vus. et ahri pense soudainement à ses fans, à espérer qu’ils apprécient qu’elle se détache le temps d'une vidéo, du concept de pinkfrost, pour arpenter celui de equinox bien plus sévère. j’ai pensé qu'on pourrait faire ton challenge et si on est efficaces, essayer de faire BYOB ?

— et les regards, à se perdre à l'extérieur.
l'heure tant attendue s'approche alors que le soleil décroit lentement, part se cacher derrière les grands bâtiments pour inonder la capitale d'une douce teinte orangée. les néons artificiels bientôt à prendre la relève pour éclairer la ville qui ne dort jamais ; et les yeux de junghan, à se perdre devant ce spectacle coloré. accoudé à la fenêtre de sa salle d'entrainement, à ignorer les managers et autres staffs derrière lui qui viennent tout juste de terminer de le préparer ; parce qu'il semblerait que même pour une simple petite vidéo à poster sur les réseaux, il soit obligé d'être absolument parfait. et ça lui va, au lionceau, lui qui ne veut laisser aucune occasion à quiconque de le critiquer.

les minutes défilent alors que les lumières artificielles emplissent ses pupilles ; et son attention est subitement accaparée par un petit son très significatif provenant de la poche de son pantalon. son téléphone lui indiquant l'arrivée d'un nouveau message, et le sourire ne peut s'empêcher de se peindre sur ses lèvres lorsqu'il en lit le contenu et en observe la destinataire. elle arrive, et l'equinox ne peut s'empêcher d'être impatient de la voir. impatience à agiter ses muscles, toujours il la taquine lorsqu'il lui répond de se dépêcher. elle est si facile à embêter et à taquiner, et lui y prend un malin plaisir, raffolant de la voir essayer de garder la face devant lui, alors que ses petites joues toujours se gonflent d'une contrariété à croquer. jamais encore il n'avait pris tant de plaisir à charrier quelqu'un, et lorsqu'elle est là, elle détient indéniablement toute son attention.

la porte de la pièce s'ouvre enfin sur la jeune femme et son manager, entrée qui le pousse à enfin se décoller de sa fenêtre pour se diriger vers elle. main dans les poches, air détaché, nullement impressionné ; il se plait à se donner cette allure détendue et détachée, sans doute pour camoufler le fait que oui, il est réellement heureux de la voir. hey. salut rendu, il l'écoute avec ce sourire en coin qui ne le quitte jamais, haussant les sourcils d'une frimousse espiègle. ah ouais ? tu voulais à ce point m'impressionner ? j'espère que tu vas m'éblouir alors. à toujours la chercher, l'embêter, la challenger ; comme si son admiration était quelque chose qu'elle devait mériter. proposition d'enchainer sur un morceau de pinkfrost après que leur défi soit passé, le sourcil se hausse à nouveau d'étonnement ; mince, il n'a pas travaillé cette choré là. mais hors de question de perdre la face, les épaules se haussent alors qu'il s'avance dans la pièce, pour se placer au centre de la salle de danse. euh ouais, si tu veux. faudra juste qu'on la répète un peu avant. il la connait bien sûr, pour l'avoir beaucoup regardée admirée, mais pas assez sans doute pour pouvoir la reproduire comme ça sans un minimum d'entrainement. viens, on se fait un petit échauffement et un essai avant de filmer ? il interroge en agitant la main, l'invitant à le rejoindre au centre du parquet.