(saebi) nirvana girl

wearing goddamn boots & also goddamn glitter,, likes heavy makeup, whether it's dark or bright,, tri-lingual monster (english, japanese, korean),, feels so most at ease when she can mix all of them in the same sentence,, always lacking sleep,, overachiever,, fainted on camera once and ended up at osaka's hospital,, hates hospitals,, takes like ten different vitamins every morning,, girls!!! let's stretch!!! abs workout!!! we're not tired it's in our heads,, how do you feel when you hear all these people saying that MISFITS is over? (oh i don't care but i care oh i care so much),, can be short-tempered but doesn't smoke and wasn't drinking when she was still underaged,, 'o n e d a y trouble will come to you & the bird will hear about it',, fucking good swimmer,, everywhere she goes, she will always search for the ocean first thing,, workaholic,, unafraid to try new things, especially artistically wise,, when it comes to dance, has a soft spot for voguing and waacking,, would love to try pole dance one day,,

chapter. i
"from now on, we speak english only." ce qui ne posera pas de problème à la petite saebi qui, du haut de ses deux mois, ne connaît pas un mot de coréen de toute façon. c'est pour ses parents, rowon et sohee, que l'acclimation doit se faire. ils viennent de débarquer sur cette nouvelle terre : los angeles, californie, états-unis. plus précisément, lui a été muté. il travaille dans l'immobilier de luxe ; et les maisons (les palaces ?) de luxe sont monnaie courante par ici si l'on monte vers hollywood ou beverly hills. elle est architecte d'intérieure ; elle ne parle pas un mot d'anglais pour l'instant mais elle se dit qu'elle s'y fera.

au bout de dix ans, à deux ils forment la paire. son équipe à elle retape, refait, redécore au meilleur goût ; son équipe à lui estime, convainc, revend. ils sont un binôme incontournable du milieu, parfois aux yeux des clients on dirait que la distinction entre eux est mince, monsieur et madame jeong (c'est toujours 'monsieur' en premier). avec leurs deux filles, car deux ans après saebi sarang est née ; leurs deux filles semblables à des jumelles qu'elles aussi on ne différencie pas toujours, les jumelles jeong (il y aurait-il une pointe de racisme ?).



chapter. ii
venue dans son pays inconnu pour lui, pour son travail à lui, sa mutation à lui. et bien qu'elle s'en soit admirablement bien sortie, elle a dû apprendre l'anglais pour lui et aujourd'hui ses deux filles ne parlent pas un mot de coréen. rien pour elle. alors l'incompréhension ne devrait pas être si totale lorsqu'elle revient de ce séminaire d'une semaine en asie, séminaire slash visites de musées intempestives, semaine de découverte d'arts en tout genre, un bonus pour son travail (mettre la main sur les plus beaux tissus, les plus beaux objets, les plus beaux meubles que l'asie a à offrir !). une semaine d'exception organisée par un riche homme d'affaire, monsieur sakaï.

et elle revient et annonce à table devant les petites qui ont respectivement treize et onze ans qu'elle est amoureuse de ce monsieur sakaï, qu'elle avait oublié combien l'asie était belle et grande et majestueuse, et qu'elle demande le divorce.

saebi en laisse tomber sa fourchette. sarang pousse un petit cri. jeong rowon, sur le moment, n'a pas de réaction.

mais après le choc muet, il aura une multitude de réactions : procédures rendues volontairement longues, compliquées, tout pour empêcher le divorce de se concrétiser. montant les jumelles soeurs contre leur mère, puis l'une contre l'autre. ne cédant aucun meuble, car tous sont à son nom, même si chacun a été choisi avec soin par sohee. leur opposant un choix cornélien : rester en californie avec papa, ou partir au japon avec maman ? et après des soirées à essayer les larmes sur les joues de leur mère, saebi et sarang prennent leur décision : aller au japon avec leur mère.



chapter. iii
l'été de ses treize ans, elle le passe à dire au revoir à sa ville natale (bien qu'elle n'y suis pas née, et avoir habité dès ses deux ans fait de los angeles sa ville natale, pas vrai ?). elle refait les spots qu'elle connaît bien, le cafés où la famille était habituée, ce bord de plage où sarang a retiré ses brassards pour la première fois. sarang est étrangement distante, d'ailleurs — comme si partir lui faisait tant de mal qu'elle ne savait plus quoi faire d'elle-même. comme si le japon la terrifiait. comme si perdre un père la terrifiait ? tandis que saebi, bien que jeune, soit sure de son choix — tandis que pour saebi, le japon est une aventure — tandis que saebi dit au revoir à la côté ouest avec un pincement au coeur mais l'assurance qu'elle y reviendra.

peut-être est-elle si sereine et extatique à la fois, étrange cocktail explosif, parce qu'elle a rencontré un australien devant un grand hôtel de touristes. de son âge, ou presque ; il n'a qu'un an de moins. comme dans les films, ou les livres, il était là et elle aussi, et sur la chaussée bétonnée si chaude qu'il semblait y avoir des vagues dans l'air, leurs yeux se sont accrochés, malgré la foule qui les séparait encore.

il aurait tout aussi bien pu être d'ici, avec ses tâches de rousseur, ne manquait à sa panoplie que des mèches faussement blondies. il aurait tout aussi bien pu être d'ici, fiadh, mais il était de l'autre bout de l'océan pacifique, qu'il faudrait traverser en biais vers le bas pour aller le retrouver, jusqu'à atterrir sur une île (c'est une île, ça ? c'est beaucoup trop grand pour être une île !), et alors avec lui elle avait refait tous les spots de sa jeunesse, et ils avaient soudainement une autre saveur lorsqu'on les faisait découvrir. le jus d'orange du café des habitués avait une autre saveur quand, l'instant d'après, elle embrassait timidement fiadh sur cette plage où elle avait grandi, et il lui semblait qu'il lui restait de la pulpe fruitée sur le bout des lèvres.

en australie ! tu habites en australie. si loin ! mais l'an prochain je serai au japon, pour maman et son nouvel amant, et alors je serai beaucoup plus proche que maintenant. il n'y aura entre nous que... l'indonésie, les philippines. si l'on remonte la mer tout droit, de toi à moi.

les promesses habituelles :
on se reverra, hein ? de toi à moi. on s'écrira ? et pendant les vacances ? on prendra un avion ?



chapter. iv
les promesses qu'on ne tient pas. car il y a beaucoup trop à faire dans ce nouveau départ soudain. car elle perd le numéro de téléphone écrit sur un bout de papier au milieu de tous les cartons, au milieu de toutes les disputes pour savoir ce qui part au japon et ce qui restera à los angeles. rowon ne veut rien lâcher. sohee non plus. au milieu d'eux, sarang et saebi font leurs cartons sans jamais les fermer : car toujours, au dernier moment, il faut en retirer quelque chose.

kyoto est merveilleuse. aussi bien que ce que saebi s'imaginait, en encore mieux. il y a des rues d'escaliers dans lesquelles il fait bon courir, le soir, avec sarang, quand elles sont envoyées acheter à manger à un marchant de rue en contrebas. en été l'air du soir est capricieux, elle s'imagine que le vent vient de l'australie avant que ses cheveux ne soient douchés par une soudaine pluie. il y a une forêt de bambou interminable sur laquelle elle écrit sa première poésie. mais le mieux, le mieux c'est juste avant l'été, mars-avril, quand les cerisiers s'ouvrent, et soudainement tout est recouvert de rose volant, et soudainement sarang sur les photos a l'air… absente ? triste ? nostalgique ?

l'une s'habitue à tout et l'autre pas. en un an, saebi parle presque couramment. elle y travaille comme une acharnée. elle s'est déjà refait un cercle social complet ; ça aide. sarang est… isolée ? et ne baragouine que quelques mots empotés, noyés dans une marée d'anglais. maman s'inquiète. même nobuo, leur nouveau père beau-père, s'inquiète. saebi a quatorze ans, sarang en a douze, et on parle d'éventuellement lui permettre de retourner à los angeles, et alors elles seraient séparées.



chapter. v
c'est au japon qu'elle découvre autre chose que la musique américaine. autre chose que le rock qui a bercé son enfance, là où sarang n'avait d'oreilles que pour le rnb. c'est au japon qu'elle découvre, avec de grands yeux qui n'y comprennent rien, la j-pop — et puis la k-pop. c'est scotchée devant une devanture, à quatorze ans, regardant un téléviseur dans un petit magasin, qu'elle découvre :

2011 : hot summer, i am the best, sixth sense, goodbye baby, the boys, be my baby, fiction,,

elle n'a jamais dansé de sa vie, elle a un peu chanté, ses auditions sont maladroites, mais elle se presse, se dépêche, elle veut en passer un maximum, qu'importe qu'elle échoue, elle a déjà quatorze ans et la plupart des candidates sont plus jeunes, comment peuvent-elles être si jeunes ? elle voit le jury grimacer chaque fois qu'elle fait quelques pas, elle promet de travailler dur, elle n'a jamais eu des cours ; parfois on lui permet de prendre sa guitare et de commencer à chantonner, elle se dit que c'est bon signe ; plus rarement encore, après tout ça, on en vient à lui poser des questions sur sa vie et surtout d'où elle vient, car son accent s'entend. alors elle voit les yeux du jury briller quand elle leur dit qu'elle parle anglais couramment, et elle leur lance des morceaux du rêve américain.

un jour, elle a bien dû passer cinquante, soixante, peut-être même une centaine d'auditions, un jour- elle est rappelée. la fête dans la maison ! sohee et nobuo ont toujours été supportives, mais sarang a l'air un peu éteinte. (ou jalouse ?).

how do you blend in so easily? how do you love things so easily? it's like- people throw a word at you and you instantly memorize it. you keep it with yourself forever. and just like this, you're learning a new language. and i- i don't know. it's harder for me. i can barely say hi. don't you remember how good it was? when we were a family? mom, and dad, and you, and me, in los angeles? don't you wanna go back to that time? saebi, please. don't you?

ce n'est qu'une petite agence, mais c'est un début, pas vrai ? une petite agence qui lui donnera accès à des cours de danse et de chant, et pas encore de rap mais elle commence en autodidacte, et elle écrit ses paroles, comme cette fois dans la forêt de bambou, et elle a promis de travailler dur, le plus dur possible.



chapter. vi
et deux ans plus tard la petite agence est rachetée par la corée, et si elles veulent continuer leur ascension, les trainees doivent déménager — et sohee et nobuo sont contre, au début, c'est hors de question ! tu ne connais rien là-bas, et nous non plus ! mais elle apprend si vite, et elle est si téméraire, et si débrouillarde, et elle sait toujours exactement ce qu'elle veut, et elle fait toujours tout pour l'obtenir que peu à peu sohee cède, elle le voit bien. sohee se renseigne sur le pays d'à-côté, négocie avec l'agence, pour sa fille qui n'a que seize ans elle veut de la sécurité, un dortoir surveillé, bien sur, oui, bien sur, et un appel tous les soirs, aussi ! bien sur, oui, et le droit de venir la voir quand bon lui semble ! bien sur, madame, c'est votre fille, si vous avez l'argent de venir ; et les négociations un jour se terminent par un billet d'avion.

(sarang n'ira pas jusqu'au tarmac. sarang restera en haut, dans la salle d'attente, et les regardera tous les trois d'en haut, se faire un câlin sans elle, et ensuite saebi lui fera de grands signes de la main, sautera sur place pour attirer son attention, lui enverra des coeurs par messages, mais les coeurs resteront sans réponse.)

en corée elle le retrouve. elle s'attendait à tout sauf à lui. de l'australie il est remonté, tandis qu'elle a traversé ce foutu pacifique. ils sont dans la même agence, quelle surprise ! dans la même agence maintenant et ils n'en savaient rien. ça repart, pour une deuxième fois, moins puéril qu'avant, at times i was thinking that it was for life, but then-
then-
elle passe une audition pour la g.nation et s'en va. il passe une audition pour ailleurs aussi et s'en va. elle se prépare à débuter et ne pense plus qu'à ça. il se demande quand il débutera. ils se disputent et s'écorchent et-
pour la deuxième fois, c'est terminé.