♡,, don't break my heart ❪ sarang ❫

— ça aurait pu être parfait, filé comme sur du papier à musique. papa, maman, saebi et elle, famille modèle au coeur de los angeles, après que maman ait du venir s’y installer. elle s’épanouissait dans cette double culture aux effluves de soleil et d’hibiscus, à croire que rien ne pourrait y changer. jusqu’à la ramener à la réalité.

— le mariage c’est pas parfait. c’est fragile, et bien souvent difficile. encore plus quand un grand amour refait surface, et vient faire table rase de tout ce qui a été construit.
et sarang, elle aimait papa.
papa peut-être pas autant - du moins elle a pas compris quand il a laissé ses filles s’en aller au pays du soleil levant. rejoindre l’autre, cet homme inconnu, et ce pays étranger de qui maman promettait monts et merveilles.
l’intégration a été compliquée du haut de ses quatorze ans - langue étrangère, presque barbare à ses oreilles qu’elle apprend avec difficulté.

— et puis y’a eu ce soir là. dispute entre les parents, encore à son sujet, parce que sarang a du mal à s’adapter. parce qu’elle le regarde - lui - comme une ombre au tableau, comme un vulgaire étranger.
lui qui est en réalité son père et souffre de ne pouvoir lui avouer.
ça a été un tremblement de terre.
un raz-de-marée.
une vague bien trop haute pour que sarang puisse y nager.
ça a fait sens soudainement, que papa puisse plus la regarder.
et sarang elle se renferme, s’éloigne de plus en plus de sa soeur, de cette vie à laquelle elle arrive plus à s’identifier - elle se concentre sur sa passion de toujours, la danse, et cultive d’autres ambitions, rêve d’ailleurs.
face à son silence, sa mère voit son obsession pour la danse comme une opportunité de la faire sortir de sa coquille, l’encourage vers l’audition de la G.NATION à tokyo cette même année, qu’elle remporte avec succès.
c’est avec les coeurs lourds de non-dits qu’elle s’envole pour la corée, prête à se forger.

— comme un éclat d’espoir, durant sa deuxième année de training c’est sa soeur qui la rejoint à l’agence ; alors que sarang se sent plus à l’aise, à sa place, elle y voit l’opportunité de retrouver la proximité qu’elle possédait avec elle autre fois.
pourtant une barrière invisible demeure, silencieuse, mais trop fragile pour oser le prononcer à haute voix. sarang décidera de cacher la vérité à saebi, semblant trop difficile à avouer.

— certaines réalités se brisent, s’étiolent au contact du temps mais sarang ne faiblit pas. elle sait qu’elle n’a pas le droit à l’erreur si elle veut espérer pouvoir un jour tenter sa chance – et malgré sa seule année de training, son potentiel intéresse. elle parvient à intégrer l’un des deux groupes de prédébuts pour le prochain projet de l’agence le premier mois de l’année, un pas de plus au coeur de l’océan déchainé, qui semble s’être ouvert sous ses pieds - groupe opposé à celui de sa soeur les rendant opposées pour la première fois.
quelques mois plus tard, on annonce que le projet est repoussé, mais toujours maintenu pour des débuts l’année suivante. sarang s’effraie de la santé de sa soeur, ou de voir son rêve disparaître sous ses doigts. même si proche du but, il est si aisé d’échouer. si facile de boire la tasse et puis de se noyer.
un des deux groupes est pourtant dissous. pas le sien. juste de quoi un peu plus reprendre son souffle avant qu’on la désigne comme leader. nouvelle responsabilité qui pourrait bien l’écraser, et puis sa soeur est finalement ajoutée à l’effectif si soudé (soulagement haché).

—  MISFITS. débuts brûlants, éclatants. deux mvs sont dévoilés et à sa suite un documentaire publié sur youtube. de l’ombre survient la lumière ; d’un extrême à l’autre, on leur demande de se filmer, de publier sur les réseaux jusqu’à l’overdose. elles s'immiscent dans le quotidien des fans à la manière d'une télé réalité et ça plait. contenu permanent de diffusé à leur sujet - réalité pourtant transformée au gré des demandes des producteurs.

— la frénésie des premières années. des comebacks à répétition, des couvertures de magazine. inspectées sous toutes les coutures, certains scandales surviennent - mais tout semble être bon pour faire parler des demoiselles. on juge parfois même leur musique trop redondante ; les multiples comebacks jugés comme bâclés dans l'espoir d'inonder le marché. elles exècrent autant qu'elles plaisent - déchirent les médias. mais derrière cela subsiste le rêve, tout semble si parfait et si terrible à la fois – revers de la médaille parfois amer, anesthésié par les paillettes de la soirée suivante. un cercle sans fin dans lequel elle ne cesse de s’abreuver. ivresse d’un rêve, d’une utopie.

— et enfin tout prend un sens. alors qu'elles semblent plus fonctionner à l'international qu'en asie, l'agence donne le change en sortant un album de reprises en japonais, ainsi qu'une première tournée en asie. et le coeur de sarang s’emballe. la scène comme combustible au palpitant mécanique. elle ne vibre plus que pour ça, cette sensation, cette façon qu’elle a de s’immoler sur ces décors de papier. un album japonais, une chanson anglaise pour partir aux états unis. des contrats avec des marques. son visage en grand à séoul. à bangkok. tout semble parfait et dangereux ; funambule au rebord de son fil, se refuse à voir le sol sous ses pieds.
et au fil de ce succès, l'agence en profite. devenues véritables objets de marketing, tout semble bon pour profiter de la nouvelle vague qu'elles ont créé, sans se préoccuper de créer un tsunami. elles vacillent.


suite au résultat de l’année précédente, l’agence annonce une tournée mondiale de grande envergure. misfits épouse l’amérique. épouse l’europe, les sept continents – et leur musique résonne dans toute sa carcasse à sarang. rythme effréné jusqu’à en perdre la raison – réveille les morts. elle devient ambassadrice d’une grande marque – c’est d’abord louis vuitton qui lui fait confiance. l’emporte plus loin encore.
y’a un père qui se réveille. y’a un père qui réapparait comme pour réclamer son dû, lui et son amour prétendu. elle lui tourne le dos, sarang ; se refuse à s’attarder sur ce visage étranger.
car dans la lumière, surgissent quelques ombres. elle réalise, sarang. que le monde devient étrange au contact du papier vert, des projecteurs et des artifices dorés. liaison découverte entre l’une de ses membres et l’un de leur manager dangereuse. et sarang s’interpose. si fort qu’elle parvient à le faire virer, perd alors la confiance d’une amie qui peine à la regarder.

et après la tempête survient le silence. si pesant qu’il la soulage avant de l’étouffer. car après l’épuisement survient l’atroce sensation du vide. retournée quelques temps à new york, puis à séoul, elle reprend ses activités en solo – se voit offrir l’opportunité d’avoir un passage en tant qu’invitée dans plusieurs plateaux télé.
mais la scène lui manque. les filles aussi – car face aux emplois du temps chargés, les rencontres s’écourtent et les liens se distendent.

— premier mini album en solo pour la demoiselle – trois chansons, dont la plupart réalisées en anglais pour revoir son premier amour de l’autre côté de l’océan. juste de quoi la réanimer. lui faire se rappeler ce que c’est de pouvoir revoir ce public qui continue de lui manquer. mais c’est différent. incomplet.  

— et alors qu’un retour est promis en 2023 et que les premières préparations autour de leur album retour sont planifiées, les discussions autour de leur contrat arrivant à expiration s’intensifient. les opinions divergent, s’entendent pourtant. car au milieu des années de rêves sont survenues des failles, des aspérités. des fêlures qui ne pourront jamais s’en aller d’un management à jeter, et d'une identité à redessiner. à vouloir être plus. à vouloir exister au travers de ce nom doré.
mais elles créent la surprise : réussissent à s'imposer comme reines dès leur année de retour ; fracas dans l'industrie qui se concrétise par la nouvelle signature de leur contrat - promesse d'un horizon radieux.