FIRE EYES. ♡

ce sentiment d’urgence était intolérable. lui compressait les entrailles depuis paris. l’avait tenue éveillée pendant presque tout son vol, assez pour la rendre folle et incapable de penser à autre chose. c’était comme en février, lorsqu’il était venu parasiter son esprit pour le meilleur comme pour le pire. il l’avait rendue esclave de son sourire benêt et de son air détestablement hautain. et lorsqu’elle avait tenté de renouer avec cet amant qui donnait du piment à ses séjours dans la ville lumière, elle n’avait pensé qu’à cet autre. à ce garçon qu’elle repoussait pour mieux le garder à ses côtés. celui qui avait rendu fades les baisers de tous les autres. celui dont le visage énervant s’imposait à elle à chaque fois qu’elle tentait de froisser les draps de sa chambre d’hôtel. celui dont elle n’arrivait plus se passer. et quand des lèvres parcouraient sa peau, sallie ne pensait qu’à celles qu’elle avait à peine goûtées. elle avait voulu être une femme fatale mais au final elle n’était que l’esclave d’un souvenir délicieusement amer. elle s’était emprisonnée toute seule dans des bras auxquels elle se refusait.

voilà qu’elle traversait la ville avec une assurance rare. prête à engloutir des citées pour éviter de se noyer dans son propre désir, pour ne pas penser à ce mensonge qu’elle avait glissé sous le tapis. pour ne pas penser à minhyuk dont le souvenir embrasait sa peau d’une façon interdite. parce qu’il avait le goût des mensonges que l’on se chante et des réalités travesties en rêves. il avait le goût d’un monde trop réel pour être vrai. il avait le goût des amours qu’on ignore volontairement. ors sallie n’était pas de celles qui aiment. elle était une succube fière et solitaire. une créature envoûtante qui connaissait tous les chants pour attirer les marins. mais le monstre n’avait plus soif que d’un seul homme - aussi odieux et indispensable soit-il.

ce fut en rongeant l’ongle de son pouce qu’elle traversa séoul jusqu’à l’antre de son dernier repas. ne préférant pas réfléchir au moment où il lui faudrait faire face à cette autre réalité, celle où elle n’avait rien d’un démon avide d’hommes. pour le moment elle se laissait porter par la frénésie morbide de ses sentiments incompris - et par le manque de sommeil. elle tambourina sur le bouton de l'ascenseur pour qu’il vienne à elle plus vite. tourna en rond dans l'habitacle, traversa le couloir en quelques enjambées. s’acharna sur la sonnette.

quand minhyuk ouvrit la porte elle s’imposa à l’intérieur l’air plus aliéné que jamais. sallie entra et l’attrapa par le col pour l’obliger à reculer pendant qu’elle avançait, puis l’embrassa. c’était un baiser dénué de douceur, brutal, guidé par l’urgence qui la rongeait depuis paris. elle quitta sa bouche avec la même violence. son corps était brûlant, dur. “j’arrive plus à m’envoyer en l’air. prend tes responsabilités. all i do is thinking about you.” en même temps qu’elle parlait elle retira son haut. “so take off your clothes.” qu’il la libère du poids de sentiments dont elle ne mesurait pas la véritable portée. qu’il la sauve d’elle-même, encore.