;; miel et vinaigre

                           


tw: tca, agressions physiques.

il est mort le soleil·

gamine esseulée dont la simple existence consiste entre les ruelles qu'elle arpente faute de passe-temps. pourtant, elle a faim. affamée jusqu'aux côtes apparentes, affamée parce qu'elle veut plus que ce que la vie lui donne. elle a les mains tendues vers un vide qui l'échappe, parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle veut si ce n'est que plus. ses parents se font absents, occupés à joindre les deux bouts, et haru occupe ses journées entre l'école de quartier et les ruelles sud qu'elle conquit petit à petit. elle découvre la musique et le rap, trouve refuge dans les textes qui parlent souvent de la condition dans laquelle elle vit, fille d'immigrée dont le rêve parental semble agoniser dans ses mains. et sous le soleil d'auckland, elle fait aussi connaissance avec la danse, lors d'un cours donné par une asso auquel un ami la traîne. passion folle, passion intemporelle pour le hip-hop qui rend hommage aux textes et aux corps. amour divin qui la transcende pour ne jamais la quitter, qui l'ouvre aux autres sons et consonnes pour lui donner l'envie de s'envoler, d'attraper l'avenir qu'elle veut dessiner à l'encre de chine de ses mains voraces.
(détermination cruelle qui devient vice, lorsqu'elle se retrouve encore perdue dans les ruelles d'une énième capitale. mais haru a les dents aussi dures que son sourire se fait doux, incapable de considérer qu'abandonner pouvait mener à autre chose qu'une perte de soit.)

jusqu'à ce qu'il ait ce gout de goyave·

haru, elle s'est construite de ses propres mains. elle a figé la douceur qui agite encore son palpitant pour y ressortir l'indépendance, la forte volonté d'en arriver. elle a fixé ses pupilles sombres sur l'avenir incertain aux couleurs mordorées pour ne plus jamais le lâcher; elle a trainé son corps amaigri par les années de trainee seule des bancs de l'école à ceux des petits boulots alimentaires. elle a caché la douceur de son sourire sous ses yeux cruels pour ne plus accepter les coups qui pleuvaient sur la gamine rentrant tard du travail.
aveuglé par l'ambition, haru ne s'est pas détournée de son souhait d'intégrer un groupe, revanche pathétique de l'énième chance. karma incandescent qui l'illumine enfant et la voilà briller entourée de quatre autres filles. mais l'ambiance de groupe se heurte à des années de solitude, durant lesquelles elle n'a pu compter que sur elle; incapacité à faire confiance aux autres, même à ces filles qui dorment à ses côtés. à cause d'un dédain pour certaines qu'elle considère privilégiées, haru ne s'intègre pas facilement. le mélange de cohabitation forcée et de débuts douloureux lui permettent finalement de se laisser apprivoiser, félin qui laisse entendre ses plus beaux sons lorsqu'elle se sent en sécurité. chien errant qui se forme enfin une famille après avoir délaissée la sienne pour les lumières éphémères d'une pluie d'étoiles.


l'on perd souvent ta trace dès qu'arrive le printemps·

il y a la voix douce, les yeux en amande, les gencives apparentes lorsqu'un sourire étire ses lèvres. il y a les rires trop lourds, les silences apaisants, les mots tendres. des gestes, des paroles, un ensemble qui forment une personnalité jugée pas assez vendeuses, une énième faille, un pas assez qui résonne encore en sourdine. et un masque qu'elle sait jouer à la perfection, une carrure de titan sur les épaules d'épimethée. lorsque la mystic lui a offert ce rôle, tel une pomme empoisonnée, haru se l'est approprié telle une cape, un sacrifice supplémentaire sur le chemin de la grandeur. masque qui se fissure si rapidement lorsque les caméras se ferment, mais qui épouse si bien les lignes de son visage qu'elle s'y perd. la frustration grandit peu à peu jusqu'à ce qu'elle se demande ce qui flanchera en premier ; le masque dans une implosion publique ou la porcelaine dans un nuage de débris.