≋. SOUR CANDY (AECHA)

— elle ne se rappelle de rien.
ni de sa voix, ni de son sourire, ni de son odeur. 
tout semble éparse, rêvé – des souvenirs fabriqués des paroles des autres, la sensation d’un vide créé par une inconnue dont l’histoire semble importante. pesante. 
aecha ne la connait qu’au travers du regard de sa soeur, de papa, de ces gens qui semblaient tant l’aimer sans qu’elle n'ait le temps de lui montrer à elle. ces photos par centaines qui ne sont qu’un vestige étrange d’une relation intangible, qui pourtant sait créer le manque : ce trou au coeur de sa poitrine, qu’elle prétend ne pas ressentir pour ne pas les blesser, eux, qui ont véritablement connu sa perte.

alors aecha s’abreuve de sourire. de cette joie effrontée et de ces airs rebelles qui naissent par mimétisme à l’ainée. aecha éventre la cité séoulite par son arrogance, son effervescence – elle voudrait le monde à ses pieds, pour concentrer l’attention de celle qui l’a repoussée, quand la différence d’âge s’est faite ressentir. 

elle veut être comme elle aecha.
pas comme maman.

mais comme boram – elle crystallise dans ses yeux les étoiles de la voute céleste toute entière, capture tous les éclats. elle rayonne. elle est si inévitable – intouchable. une idole dont la seule photo fait naitre un sourire. la digne fille de papa et de maman. la star et le talent.

aecha n’est pas envieuse.
elle veut seulement être à cette hauteur là.
elle veut boire le monde à son tour et toutes ses galaxies.

— la musique dans la peau. imprègne ses sens jusqu’à rendre tout flou et irréel. la musique dans les veines, vient battre le tempo sans arrêt – elle en a fait sa vocation. love langage familial qu’elle n’aura jamais vraiment oublié, à avoir trop trainé dans les studios et auprès de d’autres célébrités pour ne pas vouloir briller à son tour.
son dévolu se place dans une plus petite agence sans prétention. fondée par un ami du père – SAILOR brille, s’illumine. elle devient alors trainee – petite poupée affûtant ce qu’on lui aura toujours enseigné.

— le rêve devient réel. palpable. idéal. on lui annonce ses débuts – HEARTBEAT sont annoncées, et les premières photos envahissent la toile. l’agence mise tout sur l’arrivée du groupe et aecha vibre. fierté incandescente qu’elle ne peut réprimer tandis que les premiers audio snippet et qu’un mv de prédébut pointe le bout de son nez. mais tout s’écroule.
aecha devenue icare, se brûle les ailes, et s’effondre dans le ciel.

– les larmes s’écrasent contre sa peau et le sourire amer s’étend contre ses lippes ; elle article, encore une fois, le mot de la rédemption : « c’est faux. » elle l’a répété tant de fois que sa langue devient râpeuse, sa gorge sèche, et ses doigts serrés dans ses poings sont si serrés qu’ils pourraient rester comme ça pendant toute une vie.
on lui arrache le rêve promis de simples rumeurs et calomnies. son tempérament de feu ne lui a guère octroyé bonne réputation et le tout s’amplifie. affaire de bullying amenée sur le tapis – son nom se retrouve couvert d’encre jusqu’à l’y noyée.

le projet de début est reporté, aecha retirée de la lineup – son contrat rompu avec l’agence SAILOR, jugeant sa carrière compromise. brûlée, enterrée avant même d’avoir pu exister – à ne connaitre que le goût des cendres.

— quelques mois auront suffi à innocenter la demoiselle – photos et screen fakes, propagés sur la toile. mais la suie au bord des lèvres, aecha a besoin de s’éloigner. de repartir de zéro - loin d’ici. après un entrainement acharné, elle parvient à décrocher sa place à JULLIARD, en cursus danse, suivant les pas d’une mère fantôme, mais pourtant guide silencieux.

— retour sur le sol coréen – une seconde chance qui s’écrit contre les murs. grâce à boram aecha effleure de nouveau cet espoir vif tandis qu’elle intègre la xingyuan. les bruits de couloirs s’intensifient – peu importe le talent, tout le monde sait que n’importe qui d’autre n’aurait jamais pu effleurer de nouveau cette opportunité. vite 
intégrée aux trainees d’un projet secret, les protestations s’amplifient et aecha ne devient qu’un roc ardent – un volcan qui dort, marche droit. se fiche bien qu’on la critique si elle peut de nouveau exister.