— Des cris d’enfants au loin, des silhouettes se déplaçant en périphérie de son regard, mais Kiyong ne voit que l’étendue de la mer et celle qui les éclipse tous. Elle n’a jamais été aussi belle, délivrée d’une vigilance constante et de doutes assassins ; sereine quant aux attentions de Kiyong à son égard. Les cheveux désordonnés par le vent et les vêtements tachés par l’eau, à des kilomètres de la capitale, il est loin de l’idol prêt à lui briser le cœur qui semble toujours s’attarder dans un coin de son esprit. « Peut-être, qui sait », il hausse les épaules, ne flanche pas sous la possibilité d’un monde qui les dépasse. Romantique mais pas trop, Kiyong ne s’illusionne pas face aux grandes histoires mais croire au destin reste dans le champ du possible. Kiyong avait toujours cru en quelque chose de mystique et peut être que c’était aussi simple que ça ; aussi simple que deux personnes et les histoires et sentiments qui les lient. Avec Naomi aussi proche de lui, Kiyong était prêt à croire en ce qu’elle voulait. Le moment laisse place à un autre et Kiyong s’amuse de l’univers parallèle qu’elle lui décrit. « Évidemment que je suis toujours célèbre, tu veux que je cache ce visage ?! », une provocation et une esquive à la fois car Kiyong ne rêve pas de normalité. Lui qui s’est construit sur l’assurance de son statut, convaincu par l’amour irrationnel d’inconnus, n’est pas sûr de ce qu’il serait sans ce parcours pavé d’efforts et de récompenses. « Et je suis déjà le favoris des grands-mères où que j’aille, mais je préfère être le tien » continue-t-il dans un grand sourire. « Tu te préoccupes trop de mes groupies », une menace fictive mais le bouc émissaire parfait pour incarner toutes les craintes de Naomi. Quels risques anticiper alors qu'elle était là avec lui, le pas chancelant sur le sable humide mais prête à être enlacée à la moindre faiblesse. Une once d'honnêteté, une anecdote à la fois anodine et significative et se laisse emporter par le partage avant de se couper. Des mots suffisants pour en déduire le sens, peut être trop, car leurs lèvres se trouvent. L'expérience universelle d'enfant qui se chamaillent et se réconcilient est vite oubliée face à la chaleur d'un corps contre le sien et l'échanges de baisers qu'il n' pas pris pour acquis. « J'espère que tu as gagnée » souffle-t-il entre l'espace de leurs lèvres. Un de plus, deux puis trois car il faut pouvoir se saisir du moment, et Kiyong les fait reculer sans la dégager de son étreinte jusqu'à rejoindre le sable sec et chaud. « Tu as suffisamment pris l'eau ou tu as encore besoin d'une excuse pour ne pas être entre quatre murs avec moi ? », un sourire ravi et amusé face au récent souvenir de ses joues rosée par l'embarras à la simple image d'un lit partagé.