ça fait des semaines qu'il y songe. qu'il repasse en boucle tout ces instants de vie, comme s'il refaisait le film de votre histoire. du premier je t'aime, à la première dispute. du premier baiser, jusqu'à l'amertume du dernier qui règne encore sur ses lèvres et qu'il ne délivrera surement jamais.

sensation d'inachevé.

il aurait voulu faire mieux pour vous. pour toi. mais dans sa poitrine ça fait mal. étouffé par le poids d'une culpabilité qui ne peut plus assumer. et tu lui apparais enfin, comme dans un rêve, après tout ce temps égaré dans la distance. hey... si ses lippes s'étirent en un sourire, tout le reste n'est que froideur. aucun geste tendre ne t'accueille lorsque tu arrives à sa hauteur. faut qu'on parle... et tu devines surement sous ses traits toute la fatigue qui inonde son âme.

— et puis y’a tout qui se mélange. des milliers de pages qui se froissent sous ses doigts, papier mâché de ses doutes, de ces questions qui se multiplient dans son encéphale sans jamais s’arrêter. 
comme une oeuvre inachevée. dont la texture et les couleurs ne résonnent en personne – même l’artiste en a perdu son propre sens. aecha se sent paumée. dans un groupe qui fonctionne mais dont les membres lui semblent parfois trop étrangère. ou bien est-ce elle qui joue sans cesse la comédie. ces amies qui n’en sont pas vraiment. et cet amour qui s’éloigne. se partage de moins en moins. la dévore, en même temps que le manque de confiance semble la bouffer – ce qui lui semblait si évident qui devient fantôme de réalité.


et quand elle te voit elle sait. avant même que tu ne parles. il suffit que tu la regardes. il suffit de voir ces échanges qui vous aviez. et elle se sent trahie. poignardée pour t’avoir tout donné. 
ses doigts se resserrent un peu plus sur la hanse de son sac. elle ne répond rien. elle te regarde simplement, la gorge nouée. elle veut voir. voir sur ton visage toutes les expressions. l’hypocrisie de ta tristesse. la véracité de ta trahison. l’ampleur de tes mensonges.
car tu n’as pas le droit. 
c’est elle qui souffre pas vrai ? 
elle qui reste là, à prendre la vague. qui te regarde le faire. qui te regarde la couler, la projeter au coeur de l’océan sans te retourner. 
« vas y. » sa voix est étranglée. elle ne s’approche pas. reste à une distance mesurée pour laisser l’écume de la colère et du chagrin la happer petit à petit. laisser cet amour qu’elle te porte la noyer.